C’est une main tendue par la mairie de Sagy qui observe avec inquiétude la situation de ses commerçants écrasés par la crise énergétique. Pour donner un peu d’air à son boucher et à son charcutier, la municipalité a temporairement suspendu les loyers de 500 euros. «On a décidé à l’unanimité lors d’une réunion municipale d’apporter une exonération de 500 euros de loyer pour chacun des commerces les six prochains mois. Ça va leur donner un coup de pouce», explique-t-il. Cette mesure exceptionnelle sera appliquée au moins jusqu’au mois de juin.

La facture d’électricité du boucher est en effet passée de 500 à 900 euros, une charge trop lourde pour le propriétaire qui a dû licencier son fils pour équilibrer les comptes. La hausse a été encore plus violente pour le boulanger du village qui a vu sa facture bondir de 2000 à 5000 euros. «Les fournisseurs l’ont estimé chanceux. La hausse devait se porter à 8000 euros», raconte Guy Paris. «Ils vont probablement licencier une pâtissière et une vendeuse. Ils vont pouvoir équilibrer leur bilan mais il y aura une baisse de production et de chiffre d’affaires», regrette-t-il.

Et la mairie envisage d’aller plus loin. Le commerçant aimerait investir dans un four à pain, plus économe en énergie, mais dans ce contexte il lui est impossible de financer seul cet investissement de 40.000 euros. Guy Paris aimerait proposer de financer le four à hauteur de 40% du prix total. «Ce sera à l’étude pour le budget 2023», assure-t-il. Mais les comptes de la collectivité sont également bouleversés par la hausse du prix du gaz. Les dépenses sont passées de 15.000 à 40.000 euros pour le chauffage de la mairie et des deux écoles de la commune.

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Alerté par la situation des commerçants, le préfet du Val-d’Oise s’est rendu sur les lieux. Accompagné des deux directeurs de la Direction Départementale des Finances Publiques (DDFP) et de la chambre de métiers et de l’artisanat, il a rappelé les aides disponibles. «Cette visite était faite pour rassurer. Ils ont vu la détresse de ces commerçants et vont se saisir du dossier» explique Guy Paris.

La mairie a par ailleurs distribué plusieurs tracts pour avertir les habitants de la crise locale et les encourager à faire leurs courses chez les commerçants du village. «Ces commerces créent de la dynamique, on discute, on se rencontre […] C’est un véritable lieu de vie», insiste le maire. «C’est maintenant qu’il faut agir ! Ce n’est pas quand le boucher fermera qu’il faudra pleurer !», soupire-t-il.

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