Inflation, entreprises, exportations, énergie… C’est une rentrée économique qui démarre sur les chapeaux de roues. En plus des récentes annonces du gouvernement, l’Insee a également dévoilé ses dernières données. L’occasion pour Le Figaro de revenir sur les chiffres clés de ces prochaines semaines et surtout, sur ceux qui vont rythmer le porte-monnaie des Français.
Mauvaise nouvelle pour les prix, qui n’ont cessé de s’envoler cet été. Après une hausse de 4,3% en juillet, l’Insee a annoncé cette semaine dans sa première estimation une inflation à 4,8% en glissement annuel. Cette nouvelle accélération, la première depuis avril, est due au rebond des «prix de l’énergie», constatent les statisticiens nationaux. En guise d’explication, la note cite notamment la hausse des prix de l’électricité, celle des «produits pétroliers», ainsi que la fin des soldes, qui a logiquement fait grimper les prix dans les rayons des magasins.
Si la consommation des ménages a sensiblement augmenté de 0,6% sur les trois derniers mois, par rapport aux trois mois précédents, elle reste en baisse de 1,1% par rapport à juillet 2022, selon l’Institut. Une observation qui s’observe notamment dans les achats des fournitures scolaires avec «un recul sensible des ventes lors de la rentrée des classes», souligne le panéliste GFK. Le chiffre d’affaires des fabricants s’établit ainsi à 357 millions d’euros entre le 26 juin et le 27 août, correspondant à une baisse de 5,2% par rapport à l’an passé.
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Pour «casser définitivement la spirale des prix» dans les rayons des supermarchés, Bruno Le Maire a annoncé cette semaine trois mesures phares. D’abord, les négociations commerciales qui doivent déterminer les prix de l’ensemble des produits en rayon se tiendront à l’automne, et même «dès septembre», plutôt que de décembre à mars comme le prévoit la loi. En outre, les prix de 5000 références devront «ne plus bouger ou bouger à la baisse» dès maintenant, a expliqué le ministre de l’Économie. Enfin, les distributeurs devront répercuter «obligatoirement et immédiatement» dans les rayons les baisses de prix consenties par les industriels et ne pas les reporter pour grossir leurs marges. L’objectif est ainsi de limiter les répercussions de l’inflation alimentaire, estimée par l’Insee à 12,7% sur un an en juillet, après 13,7% en juin.
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Côté salaires, certaines professions vont voir leur rémunération revalorisée. Jeudi soir, la première ministre a annoncé une série de mesures de revalorisations salariales pour compenser la pénibilité du travail des soignants. Au total, cela représente une enveloppe d’un milliard d’euros en année pleine. Parmi les initiatives se trouve notamment une hausse des salaires de 25% pour le travail de nuit des personnels non médicaux, uniquement du secteur public, comme les infirmières ou les aides-soignantes. Pour les médecins, quel que soit leur statut (public ou privé) l’exécutif a décidé d’augmenter de 50 % le tarif des gardes. Toutes ces mesures nouvelles seront inscrites dans le prochain budget de la Sécu pour une entrée en vigueur prévue le 1er janvier.
En cette rentrée, les enseignants voient, eux aussi, leur salaire revalorisé par le gouvernement. Lors de sa conférence de presse lundi, Gabriel Attal a notamment rappelé que «tous les professeurs de ce pays toucheront entre 125 et 250 euros nets en plus par mois de manière inconditionnelle». En plus de cette partie «socle» se met en place le «pacte» enseignant, un dispositif qui prévoit des hausses de rémunération en échange de l’exercice de «missions complémentaires».
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Cet impôt qui pèse tout particulièrement sur les entreprises industrielles a été réduit de moitié cette année et devait être aboli en 2024, mais le gouvernement a choisi d’étaler sa suppression, pour un coût ramené à un milliard d’euros par an pour les finances publiques. «À la fin de 2027, la CVAE sera définitivement supprimée», a assuré Bruno Le Maire le 24 août. Quatre jours après, le ministre de l’Économie a de nouveau confirmé la suppression de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises, avant de rappeler que l’exécutif a «déjà supprimé 10 milliards d’impôts de production entre 2017 et 2022». «Ce n’était pas au programme d’Emmanuel Macron», rappelle-t-il. Pour assurer la suppression progressive de la CVAE, l’État va ainsi supprimer un milliard d’euros de cet impôt de production l’année prochaine.
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Soutien à l’embauche, aides sur les salons internationaux et sur les plateformes de commerce en ligne… Le gouvernement, qui veut faire rêver les entreprises d’international, a dévoilé jeudi un plan de 125 millions d’euros. Doté de 13 mesures, ce plan baptisé «Osez l’export» est financé pour la période 2023-2026, a précisé Olivier Becht, ministre délégué au Commerce extérieur. «La France doit redevenir une grande puissance exportatrice», a-t-il affirmé.
Les principales mesures consistent à offrir un suivi personnalisé aux sociétés lauréates de l’initiative France 2030 pour aller sur les marchés étrangers, et encourager financièrement les entreprises à se rendre aux salons internationaux à travers une subvention de 30%. Le plan vise aussi à favoriser l’embauche d’un jeune dédié à l’export au travers d’une aide qui pourra aller jusqu’à 12.000 euros. Il entend également renforcer la visibilité des produits français sur les grandes plateformes de vente en ligne, et former de jeunes entrepreneurs aux enjeux de l’export.
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Le nombre d’emplois aidés devrait diminuer d’environ 15.000 l’an prochain, a annoncé lundi le ministre du Travail Olivier Dussopt, en marge de l’université d’été du Medef à Paris. «C’est un ordre de grandeur sur lequel nous travaillons encore aujourd’hui et tous les arbitrages ne sont pas rendus», a nuancé le ministre, alors que le projet de budget pour 2024 doit être présenté fin septembre. Le nombre de contrats aidés en France se situe à «des niveaux très supérieurs à ce que nous avons connu par exemple en 2018 ou 2019», a-t-il rappelé. Le ministre a également précisé que les contrats aidés devaient être «mobilisés en priorité pour les plus éloignés de l’emploi, les seniors, les personnes en situation de handicap, les moins de 25 ans avec des difficultés de qualification, les bénéficiaires de minima sociaux».
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Au terme d’une réunion réunissant les huit organisations le 25 août, une journée de mobilisation en faveur des salaires et du pouvoir d’achat, de l’égalité hommes/femmes, et la défense de l’environnement, a été décidée pour le 13 octobre prochain. Une façon pour les syndicats d’afficher une nouvelle fois leur unité, après la bataille perdue des retraites, et de continuer à mettre la pression sur le gouvernement dans un contexte de forte inflation. Cette mobilisation s’inscrira dans le cadre européen, la Confédération européenne des syndicats prévoyant une autre date de mobilisation, le 13 décembre, selon Yvan Ricordeau (CFDT).
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Le tarif réglementé de vente (TRV) du gaz naturel vendu par Engie va augmenter de 8,7% (soit 7,9% TTC) au 1er septembre, du fait notamment de la hausse des cours mondiaux, a annoncé la semaine dernière le régulateur. Cette hausse, dans la tendance des derniers mois, sera de 2,7% pour les clients utilisant le gaz pour la cuisson, de 5,5% pour ceux qui ont un double usage, cuisson et eau chaude, et de 9% pour les foyers se chauffant au gaz, précise la Commission de régulation de l’énergie (CRE) dans un communiqué. «Cette hausse d’une ampleur inédite est observée dans tous les pays européens et asiatiques. Elle s’explique par la reprise économique mondiale observée depuis plusieurs mois et par la forte augmentation des prix du gaz sur le marché mondial due à un contexte exceptionnel», explique-t-elle.
Pour les clients de GRDF, la CRE a publié début août son prix repère de vente de gaz naturel pour les consommateurs résidentiels. Ainsi, un abonnement souscrit en septembre pour l’eau chaude et la cuisson doit s’élever à 102,94 euros TTC par an et à 257,18 euros TTC pour le chauffage. «Entre août et septembre 2023, la part variable hors taxes (HT) d’un consommateur type cuisson/eau chaude et chauffage diminue de 1,56€/MWh», indique par ailleurs le régulateur.
Si la fin de l’été n’a lieu que dans 20 jours, il est déjà temps de dresser le bilan touristique de cet été. Mardi, la ministre déléguée au Tourisme, Olivia Grégoire, a annoncé que «88% des Français sont partis en France». Pour l’ensemble de l’été, elle s’est félicitée d’une saison «globalement excellente en France, du même cru que l’an passé, qui était record». «L’été marque le grand retour de la clientèle internationale, alors que la fréquentation des Français est restée à ses très bons niveaux de 2022. Les arrivées internationales bondissent de 29 % pour les vols long-courriers», a complété la ministre.
Olivia Grégoire s’attend à ce que les recettes touristiques dépassent les 58 milliards d’euros de l’an dernier. Atout France, l’agence de promotion de l’Hexagone, table sur un montant compris entre 64 et 67 milliards. Les Européens sont revenus en masse, en particulier en août. Les Américains, profitant d’une parité euro-dollar favorable, ont été aussi nombreux que l’an passé. Les arrivées en provenance d’Asie redémarrent ( 119 % par rapport à 2022) mais à partir d’un étiage très bas.
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À l’international, la principale actualité concerne l’immobilier chinois qui traverse actuellement une crise sans précédent. Après des pertes records, l’un des promoteurs les plus importants, Country Garden, devait s’acquitter samedi du remboursement d’un emprunt obligataire d’un montant total de 3,9 milliards de yuans (environ 500 millions d’euros). Sauvé par le gong, le groupe a finalement obtenu un rééchelonnement de son remboursement jusqu’en 2026, afin d’éviter le défaut de paiement. Mais Country Garden n’est pas pour autant sorti d’affaires avec une autre échéance qui se profile la semaine prochaine pour le remboursement de 22,5 millions de dollars sur deux intérêts d’emprunt. Le groupe a ainsi jusqu’à mardi pour éviter formellement le défaut de paiement.
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Un autre promoteur chinois, Evergrande, est également dans la tourmente. Au 30 juin dernier, les emprunts du groupe s’élevaient à 624,77 milliards de yuans (environ 80 milliards d’euros). Les créanciers d’Evergrande doivent voter lundi sur sa dette offshore, ce qui pourrait donner lieu à l’une des plus grandes restructurations jamais réalisées en Chine. Au début de la semaine, la cotation du promoteur avait repris à la Bourse de Hong-Kong, avec un plongeon dès l’ouverture des échanges, après 17 mois de suspension pour non-publication de ses résultats financiers. Si Evergrande et Country Garden ne parviennent pas à solder leurs problèmes financiers, le marché immobilier du monde entier, dont la France, pourrait ainsi s’en retrouver perturbé.