Parée de mille feux, c’est ainsi que l’avenue des Champs-Élysées se présente aux visiteurs depuis ce dimanche 19 novembre et jusqu’au 7 janvier 2024. Durant cette période de fêtes de fin d’année, celle qui est connue pour être «la plus belle avenue du monde» va ainsi scintiller tous les jours, de 17 heures à minuit. Et exceptionnellement toute la soirée, dans la nuit du 24 au 25 décembre puis celle du 31 décembre au 1er janvier. Mais pas question, à l’heure de la sobriété énergétique, d’en faire trop ou trop coûteux en électricité. Surtout dans une ville comme Paris, qui se veut exemplaire en la matière.
Aux manettes de cette opération qui attire chaque année jusqu’à un million de personnes le soir du Réveillon, le Comité des Champs-Élysées est depuis plusieurs années bien déterminé à réduire sa consommation électrique. Et les résultats sont là, puisque la consommation énergétique des Champs-Élysées a baissé «de 43% entre 2021 et 2023», et «de 98% entre 2006 et 2023», se félicite la direction du comité. Pour cela, elle a notamment fait appel à Blachere Illumination, une entreprise française installée dans le Vaucluse, chargée d’imaginer et de concevoir le spectacle baptisé «Sobrilliance» qui sera projeté sur les 400 arbres de l’avenue. Fort d’un partenariat noué dès 2007 entre les deux entités, la consommation énergétique des illuminations des Champs-Élysées est passée de 480.000 kWh en 2006 à 13.300 KWh en 2023. «C’est-à-dire une consommation actuelle qui représente seulement 2 % de celle de 2006», souligne le comité.
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Mais comment est-ce seulement possible d’obtenir le même résultat visuel avec 98% d’électricité en moins ? Pour Julie Taton, la directrice de la marque Blachere Illumination, ce résultat est dû à deux changements importants dans leurs méthodes de travail. D’un côté, la PME est «passée aux leds depuis plus 20 ans, animés et pilotables à distance» et de l’autre, elle a imaginé des «scenarii» pour ses spectacles, dans lesquelles les leds «ne sont pas allumées 100% du temps». «On vient ainsi encore baisser la puissance électrique et donc la consommation électrique de chaque arbre. De sorte que depuis 2006, notre consommation électrique est très faible», explique la directrice. En outre, le spectacle «est complètement désolidarisé de l’éclairage public».
«D’une certaine façon, plus nos illuminations sont économes, plus le spectacle est beau», se félicite Marc-Antoine Jamet. Le président du comité des Champs-Élysées vante en effet le principe d’un «dispositif programmable», qui «permet de continuer à proposer aux Parisiens de véritables créations lumineuses et des scénographies féeriques sans gaspillage électrique». Lui explique répondre à «une double volonté» : celle de «maintenir une tradition joyeuse qui est celle de la fête des lumières, des vitrines de Noël, du passage de l’année» et «en même temps», celle «de faire en sorte que la plus belle avenue du monde se montre énergétiquement exemplaire».
Sachant qu’en France, la consommation moyenne d’électricité par mois et par foyer est de l’ordre de 390 kWh, soit 4679 kWh par an, les illuminations équivaudraient à la consommation annuelle d’électricité de trois foyers. Interrogé à ce sujet par Le Parisien en 2022, le co-directeur de Blachere Illumination Johan Hugues explique que le prix des installations reviendra «entre 50 ou 60 euros par jour de consommation électrique pour les 4 km d’illuminations», sachant que «les 2000 points lumineux de chaque arbre étant l’équivalent d’une ampoule à filament d’antan». Une estimation qui pourrait sans doute être revue à la hausse, en raison de l’augmentation de prix de l’électricité, mais qui reste somme toute raisonnable.
Et évoquant «une exigence qui s’applique tout au long de l’année», le comité des Champs-Élysées souhaite servir ainsi d’exemple à l’ensemble des commerçants de l’avenue qui «ont, eux-mêmes, réduit l’éclairage de leurs vitrines en en modernisant les outils ou bien en en diminuant la durée». En outre, le comité assure appliquer scrupuleusement «la charte des événements écoresponsables édictée par la Ville de Paris lorsque nous organisons, à la faveur des piétonnisations mensuelles, d’autres événements comme par exemple la Grande Dictée des Champs-Élysées».