Une édition 2024 «record», s’enthousiasme-t-on au gouvernement. En sept éditions du sommet «Choose France», jamais autant de projets d’investissements étrangers en France, pour un montant total aussi important, n’avaient été annoncés. Ce lundi, avant l’ouverture de l’événement sous les ors du Château de Versailles, l’Élysée a dévoilé 56 projets d’investissements, pour 15 milliards d’euros au global et «la perspective de 10.000 emplois créés».
Cette cinquantaine de projets s’ajoute aux 122 annoncés lors des six précédentes éditions de ce rendez-vous annuel dédié à l’attractivité économique de la France, créé à l’initiative du président Emmanuel Macron en 2018. Au total, ceux-ci représentent 31,2 milliards d’euros investis en France par des entreprises étrangères. «Soit l’équivalent de ce que nous avons déjà mis dans France 2030 (le plan d’investissement post-Covid dévoilé en octobre 2021 et doté de 54 milliards d’euros sur cinq ans, NDLR)», a précisé dès samedi matin le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
Pour quels résultats concrets ? Dans les faits, le suivi des projets s’avère difficile. À l’Élysée, on se contente de répondre que ces projets annoncés depuis 2018 sont «réalisés ou en cours de réalisation». Tous n’ont donc pas encore abouti. «Les temporalités peuvent être très différentes d’un projet à l’autre, a souligné un conseiller du palais présidentiel à nos confrères du Parisien . Prenez ProLogium l’année dernière , l’investissement de 5,2 milliards d’euros annoncé court sur plusieurs années.» Très souvent en effet, les investissements annoncés ne se concrétisent pas du jour au lendemain, mais courent sur plusieurs années.
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Des investissements qui portent principalement sur des extensions de sites déjà existants, selon une compilation de L’Usine Nouvelle . Le magazine a décompté seulement 27 projets sur 122 – soit un peu moins d’un quart – qui concernent exclusivement l’implantation de nouvelles usines ou nouveaux centres de recherche et développement. Mais très peu d’abandons sont à noter. L’Usine Nouvelle en a relevé deux, un chiffre confirmé par l’Élysée. En 2018, le groupe américain Del Monte avait annoncé l’implantation d’une usine de découpe de fruits frais dans la Somme, qui a finalement été abandonnée. En Normandie, le groupe coréen SPC, qui ambitionnait de produire des viennoiseries, n’a pas non plus donné suite.
En revanche, comme le souligne le magazine, une partie des projets annoncés sont déjà opérationnels, en particulier dans le numérique. Google a par exemple inauguré en février son centre de recherche parisien sur l’intelligence artificielle. De son côté, Snap a un studio de réalité augmentée au sein de Station F, annoncé en 2021. Le centre d’expertise d’Accenture à Brest compte, lui, une centaine de salariés.
Toutefois, comme le souligne l’économiste Lucas Chancel dans une récente tribune dans Le Monde, «le nombre de projets importe moins que les emplois directs ou indirects générés par ces derniers». Sauf qu’il est difficile voire impossible d’évaluer le nombre de postes créés par les 122 projets d’investissements de «Choose France» depuis 2018. Une chose est sûre : il y a disproportion entre le volume des investissements et les créations de postes. Le dernier baromètre EY de l’attractivité, qui a placé la France en première place en Europe en 2023 pour la cinquième année consécutive, montrait que notre pays restait «devancé par le Royaume-Uni et l’Espagne en nombre d’emplois créés par les projets d’investissements étrangers».
L’Élysée défend la qualité des emplois créés, parlant dans le cadre de «Choose France» de «projets extrêmement stratégiques, mais qui parfois se comptent en très peu d’emplois». Par exemple celui, annoncé cette année, du groupe pharmaceutique suisse Novartis, d’un montant de 30 millions d’euros, associé à la création de seulement 25 emplois. Mais «des emplois extrêmement qualifiés, car ce sont des emplois en médecine nucléaire», souligne-t-on à l’Élysée.