L’exécutif a de quoi se réjouir. En dépit d’une conjoncture économique et géopolitique incertaine, la septième édition du sommet «Choose France», prévue ce lundi à Versailles, s’ouvre sous les meilleurs auspices. Selon l’Élysée, 56 projets seront annoncés au cours de l’évènement, soit deux fois plus que lors de la précédente édition en 2023. Le montant total des investissements attendus s’élève à plus de 15 milliards d’euros, un record absolu depuis le lancement du sommet par Emmanuel Macron en 2018.

S’il est encore trop tôt pour connaître la liste exhaustive des investissements prévus, les confidences distillées par l’exécutif cette semaine donnent un avant-goût des annonces qui seront officialisées au cours de la journée. Les principaux thèmes de cette édition sont l’intelligence artificielle et la décarbonation. Mais d’autres annonces sont attendues dans la pharmacie, l’agro-industrie et la banque.

Emmanuel Macron n’a jamais caché son ambition de faire de la France un leader européen de l’intelligence artificielle. Les acteurs de l’IA désireux d’investir dans l’Hexagone auront donc droit au tapis rouge ce lundi. En l’état actuel des informations disponibles, les annonces d’investissement dans ce secteur devraient être supérieures à six milliards d’euros. L’ambition est de doter la France de centres de données (data-centers) capables de fournir une puissance de stockage et de calcul sans précédent.

Microsoft va investir plus de 4 milliards d’euros en France, comme l’a révélé Le Figaro dimanche. Cet investissement massif, le plus important du sommet, sera déployé d’ici fin 2027 et se déclinera en trois piliers : la construction d’une infrastructure de pointe, la formation des Français et le soutien à l’écosystème national des start-up. Le géant de l’informatique souhaite étendre les capacités de ses deux data centers hexagonaux et construire un troisième site de nouvelle génération dans la région de Mulhouse. Pour célébrer cette annonce, Emmanuel Macron va consacrer sa première visite de la semaine à Brad Smith, lundi matin au siège de Microsoft France.

Amazon va consacrer 1,3 milliard à la construction d’un data center pour sa filiale cloud AWS. La firme souhaite aussi implanter un nouvel entrepôt pour ses activités d’e-commerces. Au total, près de 3000 emplois devraient être créés, dont une centaine pour le seul data center.

Equinix va investir 630 millions d’euros dans un nouveau data center. Le leader américain est partenaire de l’entreprise française Alice

L’opérateur télécom japonais KKDI (Telehouse) va miser un milliard d’euros pour son activité « IA» . Cette somme sera allouée à l’extension des sites existants localisés à Paris et dans les Yvelines, ainsi qu’à la construction de deux nouveaux data center dédiés à l’IA, en Île-de-France et dans la région Sud. Ces deux sites permettront la création d’une cinquantaine d’emplois chacun.

Le géant du conseil Accenture va ouvrir deux centres de recherche dans l’IA générative, à Sophia Antiopolis et à Paris. La création d’une centaine d’emplois est prévue. Le montant de l’investissement envisagé n’a pas été dévoilé.

IBM est prêt à investir 45 millions d’euros dans la création d’un centre de recherche et développement à Saclay. Le groupe informatique envisage de créer ainsi une cinquantaine d’emplois. Le patron d’IBM, Arvind Krishna, fait partie de la douzaine de dirigeants internationaux conviés à la table d’Emmanuel Macron lundi.

Le Finlandais IQM envisage l’ouverture d’un laboratoire pilote de hardware quantique. Ce site du futur pourrait prendre place à Bordeaux. Le montant de l’investissement et les emplois attendus ne sont pas connus.

Plus de compétitivité, moins d’émissions polluantes. Ainsi pourrait-on résumer l’ambition de cette édition de «Choose France», qui fait la part belle aux initiatives de décarbonation. Au moins huit projets devraient être officialisés lundi, pour un montant cumulé de près de 5 milliards d’euros d’investissement, selon les informations révélées samedi par Le Figaro.

La start-up estonienne Skeleton Technologie compte installer un centre de R

Les français Axens et le chinois Hunan Changyuan Lico veulent investir 600 millions d’euros dans une usine. Le site des deux acteurs visera à fabriquer des cathodes, entrant dans la composition des batteries et embauchera 600 personnes. La localisation n’est pas totalement fixée, mais les Hauts-de-France tiennent la corde.

L’entreprise KL1 va construire une usine de raffinage de nickel à Blanquefort (Nouvelle-Aquitaine). Selon les informations du Figaro , elle va investir 300 millions d’euros sur ce site censé alimenter les usines de fabrication de matériaux actifs de cathodes comme celle d’Axens et Lico à partir de 2027. Le projet, éligible au crédit d’impôt énergie verte, aboutira à la création de 200 emplois dans cette localité girondine ébranlée par la fermeture de l’usine Ford en 2019.

La start-up allemande Lilium va investir 400 millions d’euros pour construire une usine d’assemblage pour son avion électrique et une usine de reconditionnement de batteries. Elle prévoit d’embaucher 850 salariés. La localisation du site n’est pas encore arrêtée, mais la Nouvelle-Aquitaine est évoquée. Le projet pourrait bénéficier de la garantie des projets stratégiques pour son financement.

Le géant de la chimie franco-belge Solvay va reconvertir son usine de La Rochelle en Seine-Maritime. Ce site amélioré permettra le lancement de la «première phase d’une unité de production à grande échelle de terres rares», utilisées dans la construction de moteurs électriques ou d’éoliennes. À terme, cette nouvelle activité «verte» pourrait représenter des investissements dépassant 100 millions d’euros.

Le Canadien Papier Excellence veut consacrer 190 millions d’euros à décarboner ses sites industriels français. L’acteur de la pâte à papier implanté en France depuis plusieurs années va doter son site de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) d’une nouvelle ligne de production pour une dépense de 150 millions d’euros.

La start-up espagnole FertigHy va investir plus de 1,3 milliard d’euros dans la Somme en faveur de l’agriculture décarbonée. Cet investissement vise à produire des engrais azotés bas carbone à base d’hydrogène sur le site de Languevoisin. 250 emplois seront créés pour développer ce procédé innovant qui vise à éviter l’émission de «près de 1 million de tonnes de CO2 par an».

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Abonnés depuis des années à «Choose France», les géants mondiaux de la pharmacie ont prévu de nouvelles promesses dans le cadre de cette septième édition.

Pfizer va investir 500 millions d’euros pour renforcer l’écosystème de la R

AstraZeneca va consacrer 365 millions d’euros à la décarbonation de l’ensemble de ses sites industriels. Il va ainsi créer une centaine d’emplois. En 2020, le laboratoire suédo-britannique avait annoncé un investissement de 450 millions d’euros sur cinq ans dans tout le pays.

GSK va allouer 140 millions d’euros à la modernisation de ses sites français de production. Les sites d’Évreux (Eure), Saint-Amand-les-Eaux (Nord) et en Mayenne sont concernés.

Novartis va dépenser 28 millions d’euros pour améliorer son site de Huningue (Haut-Rhin) et créer 25 emplois. Ces postes seront dédiés à la recherche en médecine nucléaire.

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Pas d’industrie sans financements. Bruno Le Maire plaidera, une nouvelle fois, pour une union des marchés de capitaux à Bruxelles à partir de mardi. En attendant, il peut se réjouir de l’engouement des banques internationales pour la capitale française, dont témoignent les projets dévoilés dans le cadre de «Choose France».

La banque d’investissement américaine Morgan Stanley inaugurera ce lundi à Paris son nouveau campus européen. Le projet, dévoilé ce dimanche par Le Figaro , vise à créer un hub européen des activités de marché et développer le centre mondial de recherche financière du groupe. Il portera à 500 le nombre de collaborateurs de la banque américaine dans la capitale française.

La principale banque émiratie, First Abu Dhabi Bank, et la banque nigériane Zenith Bank vont ouvrir un bureau à Paris. L’annonce, qui sera officialisée lundi, constitue un bon signal à quelques jours du coup d’envoi de l’examen de la proposition de loi sur l’attractivité financière au Sénat.

L’allemand Vorverk s’engage à investir 72 millions dans la région de Châteaudun. L’entreprise qui produit les robots de cuisine Thermomix est présente dans l’Hexagone depuis les années 1960. Elle avait déjà annoncé 57 millions d’investissement en 2022. Ce nouvel investissement devrait permettre la création d’une cinquantaine d’emplois.

McCain modernise ses usines pour 350 millions d’euros. Le leader mondial des produits surgelés à base de pomme de terre prévoit d’améliorer ses trois sites de Harnes (Pas-de-Calais), Béthune (Pas-de-Calais) et Matougues (Marne) d’ici 2028. Il s’agit de moderniser les lignes de production existantes, et d’en créer de nouvelles. Emmanuel Macron visitera le site de Matougues dans la journée de lundi.