«Complètement illégal», mais «complètement moral». La CGT Énergie marseillaise a basculé lundi des boulangeries phocéennes au tarif réduit de l’électricité l’espace de quelques heures, divisant par plus de deux la facturation du courant. Un moyen pour les syndicalistes de soutenir les boulangers qui manifestaient lundi contre l’augmentation des prix, mais aussi de rappeler à qui veut l’entendre que ce sont eux qui tiennent les manettes. Le secrétaire général de la CGT Énergie à Marseille, Renaud Thierry, a défendu sur RMC une action «complètement morale», bien que «complètement illégale».
Le caractère illégal de la manœuvre a été martelé par le gouvernement mardi matin. «Ce n’est pas la CGT qui décide en France, ce n’est pas la CGT qui décide des tarifs, ce n’est pas la CGT qui décide qui doit payer quoi. C’est l’État, c’est l’intérêt général, c’est le peuple français à travers ses représentants», a tancé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur Europe 1, qui a jugé ces coupures «inacceptables». Un terme employé également par Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.
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«C’est de l’intimidation», a-t-elle déploré sur BFMTV/RMC, soulignant le caractère dangereux que peuvent revêtir les coupures ciblées. «Si on arrête par exemple certaines exploitations industrielles, vous pouvez casser l’outil de production et vous pouvez mettre sur le carreau des salariés», a poursuivi Agnès Pannier-Runacher. Depuis le début du mouvement d’opposition à la réforme des retraites, les syndicats de l’énergie multiplient les menaces de coupures ciblées. Ils ont visé pêle-mêle les élus qui soutiennent la réforme, les milliardaires ou, plus récemment, les bâtiments qu’ils jugent «non-essentiels».
Les employeurs de ses salariés menaçants – EDF, Engie, RTE ou Enedis – condamnent fermement ces opérations dites «Robin des bois», tout en précisant qu’ils respectent le droit de grève. Le gestionnaire du réseau Enedis a même annoncé qu’il porterait plainte «systématiquement» en cas de coupures ciblées. La société condamne fermement tout acte de malveillance sur le réseau public de distribution d’électricité pouvant conduire à des coupures de courant pour ses clients, et portant atteinte à la sécurité des biens et des personnes. Ces actions ne correspondent pas aux missions de service public auxquelles sont très attachés les salariés d’Enedis».
La démarche d’Enedis est encouragée par l’exécutif, qui appelle les entreprises concernées à porter plainte contre les responsables des coupures ciblées quand elles en sont victimes. «Ce seront les entreprises arrêtées qui porteront plainte, c’est à elles de le faire (…)», a suggéré Agnès Pannier-Runacher, «et nous, dans notre rôle, nous ferons respecter la loi».
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