Pas question de faire de vague dans un contexte social très tendu. Passé sous le giron du consortium mené par Daniel Kretinsky mercredi soir, le groupe Casino a décidé de renoncer à réclamer à 900 salariés une avance sur salaire consentie il y a plus de 30 ans. Ces avances dataient des années 1990 lors du rachat de plusieurs sociétés comme «La Ruche méridionale». «Cette avance sur salaire avait été octroyée aux salariés provenant de différentes sociétés afin de compenser le décalage de la date de versement des salaires (fin de mois dans les sociétés d’origines et le 10 du mois chez Casino)», précisent les syndicats du groupe. Depuis, lorsque les salariés quittaient le groupe, cette avance pouvait être déduite de leur solde de tout compte, explique la nouvelle direction du groupe.

Aujourd’hui, dans le cadre du transfert des salariés des 288 super et hypermarchés rachetés par Intermarché et Auchan en cours, qui s’opérera ces prochains mois, la direction prévoyait donc de procéder à ces régularisations pour les salariés concernés. Une opération légale consistant à appliquer «des retenues sur salaire pour avance», selon les termes des syndicats. Mais l’ampleur du nombre de ces retenues -allant de quelques centaines d’euros à plusieurs milliers d’euros- a suscité l’ire des salariés. Résultat: le groupe a finalement décidé de renoncer à récupérer ces trop-perçus pour des raisons d’ordre «moral» et pour ne pas jeter davantage d’huile sur le feu alors qu’un important plan social devrait être présenté à la mi-avril.

«Pour rappel, trois ex-dirigeants ont quitté dernièrement le Groupe en se partageant 10 millions d’euros, alors que l’annulation de cette dette représentait 300.000 euros pour 900 salariés », lancent les syndicats du groupe dans leur communiqué. Autant dire que les prochaines semaines s’annoncent particulièrement difficiles pour le tout nouveau directeur général, Philippe Palazzi, qui, outre mener à bien ce volet social potentiellement explosif, a la lourde tâche de redresser le groupe à l’asphyxie.