Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a indiqué jeudi avoir reçu la veille les dirigeants d’Intermarché et d’Auchan, qui doivent racheter la plupart des magasins du distributeur en difficulté Casino, et assuré que ceux-ci ont «pris des engagements» concernant la préservation de l’emploi. «J’ai reçu hier les dirigeants d’Intermarché et d’Auchan. Je leur dis: Ecoutez, moi, je vous demande une seule chose: vous devez préserver l’emploi. Ils ont pris des engagements et je veillerai à ce que ces engagements soient tenus», a indiqué le ministre sur Europe 1.

Bruno Le Maire, qui a «reçu les syndicats de Casino il y a une semaine», les recevra «à nouveau aujourd’hui pour leur dire que la protection de l’emploi» constitue sa «priorité absolue». Les représentants des 50.000 salariés du groupe en France (200.000 dans le monde à fin 2022) craignent une forte casse sociale depuis que Casino a dit être prêt à céder la quasi-totalité de ses magasins grand format – hyper et supermarchés – en raison de la dégradation de sa santé financière.

La direction du groupe a indiqué mardi à l’AFP que près de 12.300 emplois sont concernés par un changement d’enseigne dans le cadre du projet de cession de 313 super et hypermarchés. Les salariés craignent de leur côté 6000 suppressions d’emplois, notamment dans les sièges et la logistique. Par ailleurs, les administrateurs judiciaires au chevet du distributeur aux abois ont convoqué actionnaires et créanciers «pour se prononcer» d’ici au 11 janvier «sur les projets de plan de sauvegarde accélérée qui leur seront soumis», a annoncé Casino jeudi dans un communiqué. Dans le détail, les créanciers notamment pourront voter «de manière électronique entre le 21 décembre 2023 et le 10 janvier 2024», avec comptabilisation des votes le 11 janvier. Les actionnaires sont eux invités à voter «en présentiel» le 11 janvier, précise le groupe.

Casino s’est accordé en juillet avec des candidats à sa reprise, les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière adossés au fonds britannique Attestor, pour une augmentation de capital de 1,2 milliard d’euros au total, et pour une forte réduction de sa dette, devenue insoutenable. C’est sur ce projet, qui va diluer fortement les actionnaires actuels, à commencer par celui qui est encore PDG pour quelques mois, Jean-Charles Naouri, et consister en un manque à gagner de quelques 5 milliards d’euros pour tous les créanciers du groupe, que ces parties doivent se prononcer. Cela ne fait normalement pas suspens, les grands créanciers ayant déjà donné leur accord à ce plan supervisé par les autorités françaises.