Les marges brutes des distributeurs de carburants repartent à la hausse depuis cet automne, pour atteindre à nouveau des niveaux «pas acceptables», estime l’association de consommateurs CLCV dans un rapport publié jeudi. Les distributeurs, sous la pression du gouvernement et des consommateurs, s’étaient engagés au début de l’été 2023 à réduire leurs marges brutes de transport/distribution jugées «excessives» en dépassant plus de 25 centimes par litre de carburant. «Malheureusement, elles ont de nouveau augmenté dès novembre», constate la CLCV.
Cette marge est remontée en janvier à 26 centimes par litre d’essence SP95 et 22,2 centimes par litre de gazole, selon l’association, alors que les moyennes annuelles pour 2018-2021 de la fédération des industries pétrolières la situaient en général aux alentours de 15 centimes. «Ces niveaux excessifs ne sont pas acceptables», juge la CLCV qui se base sur les données du ministère de la Transition écologique.
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En 2022, cette marge – soit la différence entre le prix hors taxes du carburant et le prix en sortie de raffinerie – avait chuté à des niveaux très faibles, les distributeurs ayant choisi de ne pas répercuter l’intégralité de la flambée des cours du brut à la suite de la crise ukrainienne. Interpellés sur le rattrapage des prix début 2023, ils avaient expliqué répercuter une hausse de leurs coûts de distribution liée à la grève des raffineries lors de la mobilisation contre la réforme des retraites. Depuis l’été, les prix à la pompe ont reflué sous l’effet de la baisse du cours du baril. Ce recul «aurait pu être plus important si les marges de transport/distribution avaient été tenues», pointe CLCV.
L’association «souligne la nécessité de s’interroger sur la juste rémunération des distributeurs». Elle les appelle «à respecter leur engagement de ne pas pratiquer des marges excessives et de consentir un effort d’environ 5 à 8 centimes par litre». L’association s’intéresse aussi à l’impact des opérations à prix coûtant menées cet automne, et constate «des disparités importantes». Analysant les prix pratiqués du 29 septembre au 13 octobre, elle estime que les enseignes de la grande distribution (Leclerc, Intermarché, Système U, Carrefour) et les discounters de groupes pétroliers (Esso express, Total access) «ont joué le jeu en baissant leurs prix de 3 à 6%». En revanche, les enseignes de pétroliers (Total, AVIA) proposant des tarifs bien plus élevés «n’ont pas fait d’effort significatif», ajoute-t-elle.