Les files d’attente devant les stations essence sont-elles de retour ? Cinq mois après les grèves dans les raffineries françaises, un nouveau conflit social perturbe l’approvisionnement à la pompe. En cause : la paralysie de ces mêmes raffineries par la CGT-Chimie pour s’opposer à la réforme des retraites. Depuis quelques jours, les blocages s’intensifient dans ces lieux de production comme dans certains des 200 dépôts de l’Hexagone.
Selon les calculs effectués par Fig Data à partir des données publiques, 6,1% des stations-service du pays ne disposaient pas, ce vendredi à 13h, soit d’essence (SP98, SP95, E10), soit de diesel. En tout, 18 départements recensent au moins 10% de stations en rupture totale ou partielle.
À l’instar d’octobre dernier, les difficultés varient fortement en fonction de votre département. Depuis plusieurs jours, la région parisienne est la zone la plus touchée avec près d’un quart des stations déclarant une rupture. Dans le Val-de-Marne, la moitié sont en rupture partielle (39,8%) ou totale (9,6%). Même chose dans la capitale, où 32,7% des pompistes déclarent des pénuries. Un chiffre quasi similaire dans les Hauts-de-Seine (38,5%). L’Indre est également atteinte avec 22,4% des pompes peu ou pas approvisionnés.
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La Loire-Atlantique, territoire le plus affecté les semaines précédentes, compte à l’heure actuelle 12,2% de ses stations «en difficulté». Dans les Bouches-du-Rhône, c’est 9,6% des pompes qui demeurent en rupture. Le sud-ouest comme le quart nord-est apparaissent relativement épargnés.
Concernant l’Île-de-France, le groupe pétrolier Esso-ExxonMobil a annoncé mardi le redémarrage de la production de sa raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon, qui avait été mise à l’arrêt le 25 mars dernier faute de pétrole brut à raffiner en raison de la grève au terminal pétrolier du Havre contre la réforme des retraites.
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Dans la même optique, la raffinerie voisine du groupe TotalEnergies, à Gonfreville-L’Orcher, la plus grande de France, a fait l’objet de réquisitions de salariés de la part du gouvernement et expédie depuis lundi matin des carburants vers l’Île-de-France. Le tribunal administratif de Rouen a cependant ordonné en référé la suspension à partir de jeudi 12 h 30 de l’arrêté de réquisition de grévistes. De mauvaise augure donc pour ce long weekend pascal d’autant que d’autres raffineries restent affectées par des problèmes techniques ou des opérations de maintenance.
Côté prix, le mouvement de blocage des raffineries a provoqué un léger sursaut. L’essence a ainsi augmenté de deux centimes cette semaine, le litre de SP98 se stabilisant désormais au-dessus des deux euros. C’est cependant dix centimes de plus qu’au début de l’année, sous l’effet de la fin des ristournes accordées par le gouvernement et par TotalEnergies. Le gazole coûtait en moyenne mercredi 1,83€ par litre, en légère baisse.
Face à cette augmentation, TotalEnergies va élargir «momentanément» à partir de vendredi sa mesure de plafonnement des prix à 1,99 euro par litre à tous les carburants (SP95, SP98, diesel, Excellium), a annoncé jeudi le groupe dans un communiqué.
«La mesure de blocage des prix initiée en mars s’applique donc également à la gamme de produits Excellium (SP98 et Diesel Excellium) et ce jusqu’à ce que les stations ne connaissent plus des difficultés d’approvisionnement», poursuit le communiqué.
Méthodologie : Pour les chiffres nationaux ou régionaux, nous avons utilisé les données publiques disponibles sur prix-carburants.gouv.fr (fichiers annuels), qui centralise les données déclaratives des stations-service. Ne sont prises en compte que les stations-service de France métropolitaine qui vendent plus de 500m3 de produits pétroliers par an, en écartant le E85 et le GPL, beaucoup moins utilisés.
Nous avons considéré qu’une station distribue habituellement un carburant si elle déclare au moins une rupture ou une variation de prix en 2023 sur ce carburant. Comme le ministère de la Transition énergétique, nous avons considéré qu’un lieu d’approvisionnement n’est pas en rupture d’essence si elle est toujours alimentée par au moins un des trois types de ce carburant : SP98, SP95 et E10.
Une station est considérée « en difficulté » si :
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