Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, a appelé mardi à faire «évoluer» les règles européennes pour permettre à l’Union européenne de devenir un «grand continent économique» capable de concurrencer la Chine et les États-Unis. «L’Europe peut être le grand continent économique du 21e siècle avec un modèle économique décarboné, juste, solidaire, plus enviable que le modèle centralisé chinois ou que le modèle américain», a déclaré Bruno Le Maire à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) organisée par le Medef.
Pour se hisser à «la première place économique», le Vieux Continent se doit de saisir les opportunités offertes par l’intelligence artificielle générative et la nécessaire décarbonation de l’économie face au changement climatique, a-t-il poursuivi devant les patrons réunis à l’hippodrome parisien de Longchamp. «Si nous voulons qu’au 21e siècle la partie se joue entre États-Unis, Chine et Europe, et pas dans un face-à-face dangereux entre le continent chinois et le continent américain, c’est maintenant que ça se joue», a soutenu Bruno Le Maire, estimant primordial que l’UE défende ses «intérêts».
Il a cité en exemple les subventions pour les voitures électriques, qui devraient bientôt être subordonnées en France à un «score environnemental» susceptible de limiter les importations chinoises. «C’est assez complexe. J’aurais préféré qu’on puisse dire, le bonus européen est réservé à des produits industriels à contenu européen. C’est ce que fait la Chine, c’est ce que font les États-Unis, c’est ce que je ne peux toujours pas faire en Europe à cause des normes européennes», a déploré Bruno Le Maire.
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«Faisons évoluer les règles européennes pour valoriser le contenu européen, la production européenne, les technologies européennes et l’emploi européen», a-t-il plaidé. «Soyons transgressifs !», a-t-il lancé. «On a intérêt à se dépêcher de changer nos normes, de les simplifier et de valoriser le contenu européen si on veut faire pièce à la montée en gamme des Chinois» dans le secteur automobile. Bruno Le Maire a également estimé qu’il y avait «une urgence absolue» à créer l’union des marchés des capitaux au sein de l’UE afin de favoriser les investissements.
Interrogé par ailleurs sur l’actuelle relation entre la France et l’Allemagne, qui serait moins fluide que sous l’ancienne chancelière Angela Merkel, Bruno Le Maire a convenu «qu’il est toujours plus simple de travailler avec un gouvernement où il y a une seule formation politique, qu’avec un gouvernement de coalition». «Mais les relations personnelles sont excellentes» avec le ministre de l’Économie Robert Habeck et celui des Finances Christian Lindner, a-t-il assuré, «et elles sont remarquables aussi entre le chancelier Olaf Scholz et le président Macron».
Il y a selon lui «un seul vrai point de divergence stratégique» : «je redis à nos amis allemands “ne critiquez pas le nucléaire français, c’est la ligne rouge absolue de la politique économique française”». «Nous ne sommes pas prêts à y renoncer et nous voulons au contraire le développer», a-t-il ajouté. De son côté, le nouveau président du Medef Patrick Martin a souhaité que le gouvernement allemand «dépasse une approche un peu égoïste de ces sujets-là», et «prenne acte que l’offre nucléaire française est un bienfait pour la France elle-même, et pour l’Europe d’une manière générale dans la perspective de la décarbonation».