Mauvaise nouvelle sur le front de l’emploi. Au deuxième trimestre, le taux de chômage a légèrement progressé, de 0,1 point par rapport au trimestre précédent, a annoncé ce vendredi matin l’Insee. Il est désormais estimé à 7,2%. Malgré ce retournement – le premier depuis le troisième trimestre 2021 -, le taux reste «inférieur de 0,2 point à son niveau du deuxième trimestre 2022 et de 3,3 points à son pic de mi-2015», soulignent les statisticiens nationaux.
De son côté, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, s’est réjoui de la hausse des créations d’emploi dans un message X (ex-Twitter) : «Malgré l’inflation, le taux de chômage est stable à 7,2% au 2e trimestre 2023 au cours duquel notre économie a créé plus de 20000 emplois nets. Cela traduit une légère augmentation de la population active et le maintien du taux d’emploi à un niveau historiquement haut le montre», a-t-il écrit.
Dans le détail, 20.000 personnes supplémentaires sont comptabilisées parmi les chômeurs, selon l’Insee, portant le total légèrement au-dessus de 2,2 millions de personnes. Le taux reste «quasi stable» dans l’ensemble des classes d’âge, progressant de 0,1 point chez les jeunes comme chez les 25-49 ans, alors qu’il continue de baisser, à 5,1%, chez les plus âgés. Le chômage des moins de 25 ans reste toutefois à son plus bas niveau depuis les années 1990. Le taux augmente légèrement chez les femmes, à 7,1%, alors qu’il baisse chez les hommes, à 7,2%.
En outre, le halo autour du chômage, soit les personnes souhaitant un emploi mais sans en rechercher ni être disponible pour en prendre un, reste lui aussi «quasi stable». 4,7% des personnes en âge d’être en emploi sont comptabilisées dans cette catégorie, en hausse de 0,1 point sur trois mois, indique l’Insee, qui souligne que la part des jeunes âgés de moins de 25 ans concernée a augmenté de près d’un point sur un an. Parallèlement, le sous-emploi progresse dans les mêmes proportions sur le trimestre, mais reste bien inférieur à son niveau pré-Covid. Le chômage de longue durée – les personnes cherchant depuis au moins un an – reste quant à lui stable : à 1,8%, il demeure à son plus faible niveau depuis 2009.
Pour autant, malgré ces légères augmentations dans certaines catégories, le taux d’emploi reste «à son plus haut niveau depuis 1975». Il progresse tout particulièrement chez les aînés, bondissant de 0,3 point plus les plus de 50 ans, et même de 0,7 point pour les plus de 55 ans, alors qu’il baisse très légèrement chez les plus jeunes. Le taux d’activité est lui aussi au plus haut, et la part des jeunes ni en emploi, ni en formation, ni en études – les fameux «NEET» – poursuit son recul : le taux atteint 12,2%, peu ou prou son niveau de fin 2019.
Secoué par la crise sanitaire, le taux de chômage a connu de fortes variations ces dernières années. En baisse régulière entre début 2018 – 9,3% – et fin 2019 – 8,2% – , il s’est effondré à 7,1% au deuxième trimestre 2020. Une évolution artificielle, alors que le marché du travail était fortement touché par les confinements. Il a ensuite bondi à 9%, sur les trois mois suivants, avant de redescendre un point en dessous, fin 2020. Il descend depuis graduellement, passant sous la barre des 7,5% fin 2021, porté par une activité florissante, et stagne depuis au-dessus des 7%.
S’il s’agit presque du taux le plus bas depuis plus de quarante ans – le deuxième trimestre 1982 -, crise sanitaire mise à part, ce bon score ne satisfait toutefois pas l’exécutif, qui répète à l’envi son espoir d’arriver bientôt au plein-emploi. «Nous devons viser 80% de taux d’emploi d’ici les années qui viennent», a ainsi affirmé récemment le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, en marge des rencontres économiques d’Aix-en-Provence.
Le gouvernement compte notamment sur la mise en place de France travail pour accélérer le recul du chômage. Reste que les experts se montrent prudents, rappelant que le retournement de la conjoncture, la hausse des taux, l’inflation et l’affaiblissement de la consommation finiront par peser sur l’activité et l’emploi. En juin, la Banque de France tablait ainsi sur un taux établi à 7,1% cette année, avant de remonter jusqu’à 7,6% fin 2025. Même constat pour l’Insee, qui s’attend à des créations de postes moins nombreuses d’ici fin 2023. «Compte tenu du ralentissement attendu de l’emploi […], le taux de chômage resterait stable à 7,1 %, de la population active jusqu’à la fin de l’année 2023», écrivent les statisticiens, dans leur dernière note de conjoncture. Franchir le palier des 7% serait, en soi, un petit exploit, et du jamais vu depuis le premier septennat de François Mitterrand, en 1981.