L’action du groupe informatique français Atos chutait de près de 10% lundi à la Bourse de Paris, tombant à un plus bas historique, après que des députés ont déposé deux amendements proposant de nationaliser «temporairement» une partie des activités ou l’ensemble de l’entreprise. Vers 14h24 (12h24 GMT), le titre perdait 9,77% à 4,22 euros, après avoir cédé jusqu’à 13% auparavant, dans un marché où le CAC 40 baissait de 0,14%. Depuis le début de l’année la valeur de l’action Atos a été divisée par deux.
Le prix de l’action d’Atos est actuellement au plus bas de toute son histoire. Il est inférieur à sa valeur à l’issue de la fusion des activités d’Axime et de Sligos qui ont donné naissance au groupe en 1997. «Acteur crucial de la souveraineté et de la sécurité nationale, le groupe Atos est aujourd’hui en pleine restructuration, laissant courir le risque d’une perte de souveraineté sur des activités comme les supercalculateurs, les systèmes d’intégration de systèmes de sécurité ou encore la cybersécurité», soutient le député socialiste Philippe Brun dans son amendement déposé vendredi, et cité samedi dans Le Parisien. Il valorise les entités à nationaliser à 390 millions d’euros.
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Dans le détail, Philippe Brun propose de nationaliser la division Atos Big Data and Cybersecurities (BDS), qui fournit de nombreux services de sécurité militaire, et la division Atos Worldgrid, qui développe des logiciels utilisés dans des centrales nucléaires et divers services publics et parapublics (Linky, Cnam, SNCF…). Olivier Marleix, chef de file des députés LR qui ont tous signé un second amendement visant à nationaliser l’intégralité du groupe français, a confirmé à l’AFP vouloir «interpeller le gouvernement» sur l’avenir d’une entreprise «stratégique» dans son ensemble, qu’il évalue à 500 millions d’euros.
Mais pour une source proche du groupe, ces propositions relèvent d’«une pure manœuvre politique où Atos est un instrument». Du point de vue de ses marchés comme de ses 110.000 collaborateurs, «Atos est une entreprise largement tournée vers l’international», y compris pour ses activités dites sensibles, a-t-elle déclaré à l’AFP. Une prise de contrôle du groupe par l’État risquerait ainsi selon elle de fragiliser les parts de marché de l’entreprise à l’étranger.
En août, 82 parlementaires LR avaient appelé à maintenir Atos «sous le giron français», notamment car sa branche spécialisée dans les supercalculateurs est indispensable aux simulations d’essais nucléaires et à la dissuasion. Ces amendements, déposés sur la partie dépenses du projet de loi de budget pour 2024, seront examinés en commission des Finances à compter de mardi. Sous le feu de critiques d’actionnaires et de politiques pour son projet de scinder Atos en deux branches, son président Bertrand Meunier a démissionné la semaine dernière. Et son projet contesté de céder une des branches au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a été reporté au «début du deuxième trimestre 2024».