Le gouvernement argentin du président ultralibéral Javier Milei, investi dimanche, a annoncé mardi 12 décembre une forte dévaluation de plus de 50% du peso, la monnaie nationale, passant à 800 pesos pour un dollar, pour stabiliser l’économie en proie à une inflation et un endettement chroniques. La dévaluation d’un peso qui était considéré comme notoirement sous-évalué, à un peu moins de 400 pour un dollar, fait partie d’une série de mesures «d’urgence» annoncées par le ministre de l’Économie Luis Caputo, dont une réduction des subventions publiques à l’énergie et aux transports. Ces mesures, a expliqué le ministre dans une allocution, visent à éviter la «catastrophe» d’une hyperinflation qui pourrait selon lui atteindre 15.000%.

«La genèse de nos problèmes a toujours été budgétaire», a affirmé Luis Caputo, estimant que pour la première fois, en votant à une large majorité pour Javier Milei, les Argentins ont montré qu’ils comprenaient «qu’il n’y a pas d’argent». La dévaluation, ainsi que la baisse des subventions de longue date aux transports, à l’énergie, est vouée à affecter fortement et négativement dans un premier temps le pouvoir d’achat des Argentins, dont 40% vivent sous le seuil de pauvreté. À leur attention, le ministre de l’Économie a assuré que le gouvernement va maintenir des programmes sociaux d’aide à l’accès à l’emploi et «renforcer les politiques sociales pour ceux qui en ont besoin, sans intermédiaires», a-t-il insisté, a l’image des «cartes alimentaires» (bons d’achat pour les plus démunis).

Le président Milei avait indiqué dans son discours d’investiture dimanche que «la situation allait empirer à court terme» avant que l’économie, la 3e d’Amérique latine, ne recueille le fruit de l’austérité budgétaire, en maîtrisant une inflation chronique, actuellement à 143% sur un an. Le ministre Caputo a également annoncé, dans un souci d’austérité budgétaire, que l’État «ne va plus présenter d’offres» pour des chantiers publics, et annuler les contrats passés «qui n’ont pas déjà commencé». «Les chantiers d’infrastructure en Argentine seront réalisés par le secteur privé, car l’État n’a ni argent ni financement pour les mener à bien» a-t-il expliqué.