La note s’annonce salée pour les amateurs de «grosses voitures». Comme elle l’avait annoncé le mois dernier, la mairie de Paris Anne Hidalgo invitera les Parisiens «à se prononcer sur une augmentation très significative des tarifs de stationnement non résidentiels des SUV et des 4X4» à l’occasion d’une votation prévue le 4 février prochain. On connaît désormais l’ampleur de la hausse envisagée par la municipalité: la Ville de Paris proposera un triplement des tarifs de stationnement pour les voitures hautes et lourdes dites SUV.

Concrètement, si le «oui» l’emporte à la question «Pour ou contre la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ?», les conducteurs de SUV devront s’acquitter d’un tarif horaire de 18 euros pour les arrondissements centraux et 12 euros pour les arrondissements extérieurs, a précisé son adjoint aux mobilités David Belliard (EELV). La mairie a fixé les seuils de poids pour appliquer ces tarifs à «1,6 tonne pour les véhicules thermiques et hybrides» et «2 tonnes pour les véhicules électriques». Toutefois, «en cas de victoire du oui, ne seront pas concernés les résidents parisiens et professionnels», ni les personnes handicapées qui possèdent les justificatifs, a-t-elle indiqué. La gratuité du stationnement sera maintenue pour tous les véhicules la nuit et le dimanche, a-t-elle précisé.

L’initiative de la mairie «vise à accélérer cette transition écologique dans laquelle nous nous attaquons à la pollution de l’air» car «plus c’est gros, plus ça pollue», a dit l’élue socialiste à propos des SUV. Outre cette question de santé, limiter la présence des SUV dans la capitale avec ces tarifs triplés vise à améliorer «la sécurité routière, car plus c’est gros, plus il y a des risques d’accident, notamment pour les enfants ou les publics fragiles», a justifié Mme Hidalgo. La «troisième raison» qui justifie la votation est de «mieux partager l’espace public qui n’est pas gratuit». Selon M. Belliard, les voitures thermiques et hybrides de plus de 1,6 tonne représentent «à peu près 10% du parc».

À périmètre constant, sur environ 70.000 tickets de stationnement de voiture générés chaque jour dans la capitale, 7.000 SUV seraient donc concernés, a-t-il précisé à l’AFP. Selon Mme Hidalgo, ces augmentations de tarifs pourraient apporter un supplément de recettes de 35 millions d’euros pour la ville. La votation se déroulera dans 36 lieux de vote et uniquement en physique, sans procuration ni vote électronique, a indiqué la secrétaire générale adjointe de la Ville Laurence Girard.

Si ce tour de vis est validé par les Parisiens, il sera appliqué «dans les mois qui suivront la votation », a indiqué Anne Hidalgo. Paris ne sera toutefois pas la première ville à prendre des mesures fortes vis-à-vis des SUV. À Lyon, ville dirigée par l’élu écologiste Grégory Doucet, les habitants se sont déjà prononcés en faveur de telles restrictions. Dans la capitale des Gaules, les tarifs résidentiels mensuels passeront de 20 euros aujourd’hui à trois nouveaux tarifs, compris entre 15 et 45 euros en fonction de la taille du véhicule.

Reste que certains élus d’opposition comptent bien faire entendre une voix dissonante et, si possible, influencer les Parisiens en faveur du «no ». Très critique du projet, le groupe Changer Paris, présidé par la maire du VIIe Rachida Dati, a d’ores et déjà fait part de son exaspération. L’issue du vote «ne sera pas un grand mystère», déplore ainsi Jean-Pierre Lecoq, maire du VIème arrondissement. «La sécurité n’est-elle pas un sujet assez important, avec par exemple un vote sur l’armement de la Police Municipale ? Pourquoi ne pas demander leur avis aux habitants sur les finances de la ville alors que la dette parisienne ne cesse de croître ?», interpelle encore l’élu, qui appelle la maire de Paris à se pencher sur des sujets qui «concernent directement tous les Parisiens».