Sur les réseaux sociaux, c’est la jungle des influenceurs. Certains vantent les miracles d’un produit, d’autres conseillent d’investir dans des placements financiers hasardeux. Les «anomalies» sont nombreuses, comme le révèle la Répression des fraudes ce vendredi : «défaut d’indication du caractère commercial des publications ou de l’annonceur, allégations non justifiées, promotions de produits réglementés ou illicites [ou encore] non-respect des règles de la vente à distance.» Sur 212 influenceurs contrôlés par l’organisme en 2023, la moitié avaient posté des publications problématiques. «Ce qui a donné lieu à 30 avertissements, 62 injonctions et 18 sanctions PV pénaux transmis au Parquet pour les cas les plus graves», détaille la DGCCRF.

L’an dernier, le contrôle des influenceurs était au cœur des actions de la Répression des fraudes, avec le doublement du nombre de professionnels contrôlés par rapport à 2022. «Nous avons jugé que c’était nécessaire, notamment avec les multiplications des signalements, qui ont grimpé à 11.000 en 2023», précise Sarah Lacoche, directrice générale de la Répression des fraudes. Elle différencie d’ailleurs deux types d’influenceurs qui n’étaient pas en conformité : «Il y a ceux qui ne sont pas très au fait de la réglementation – mais il n’y a pas péril en la demeure – et d’autres qui mettent en avant des pratiques beaucoup plus risquées.»

Pour Sarah Lacoche, «il ne faut pas s’arrêter à la notoriété des influenceurs car certains, même avec une faible audience, exercent des pratiques douteuses». La directrice générale pointe notamment un Français qui faisait «la promotion d’une eau bleue» censée guérir différents maux. Pour mettre fin à ces «pratiques frauduleuses», la DGGCRF assure ne «pas s’arrêter à la vitrine» et «remonter la chaîne» des acteurs concernés. Un travail d’enquête qui aboutit, parfois, à la transmission «du dossier au procureur de la République».

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La Répression des fraudes va désormais «continuer à faire de la prévention» et renforcer ses contrôles. «Aujourd’hui, la plupart des influenceurs connaissent mieux leurs obligations et s’appuient sur un guide de bonne conduite, publié en juin 2023», souligne Sarah Lacoche. «Tout le monde est censé avoir compris, s’il y a une forme de réitération, nous n’hésiterons pas à durcir notre politique répressive», met-elle en garde.

Les influenceurs qui étaient prêts à outrepasser les lois sont désormais prévenus. Pour échapper à la Répression des fraudes, certains résidants à Dubaï s’étaient fait passer le mot de parler en anglais dans leurs publications. «Ils ont tort, tant qu’ils s’adressent à un public français, nos conditions s’appliquent, rappelle Sarah Lacoche, on a le pouvoir de les convoquer et d’organiser une coopération internationale dans les cas les plus graves».

Un avertissement qui semble avoir été entendu du côté des professionnels. Victoria Mehault, suivie par plus d’1,4 million d’abonnés sur Instagram, a publié lundi plusieurs vidéos pour expliquer sa convocation à la DGCCRF en décembre dernier. «Ils avaient plein d’informations sur moi et ils m’ont posé pleins de questions, j’avais l’impression d’être à un interrogatoire de police», confie la jeune femme. «Faites attention à ce que vous postez et à bien noter que c’est une publicité», partage-t-elle aux autres influenceurs. Le ton est désormais donné avec «un sujet qui monte d’un point de vue européen», assure Sarah Lacoche, et qui pourrait encore faire de nouvelles vagues.