Passer une IRM (imagerie à résonance magnétique) est rarement un moment agréable. Et il l’est moins encore pour les enfants. « L’enfant entre dans le tunnel, c’est impressionnant, très bruyant même avec des bouchons d’oreilles, on lui demande de ne pas bouger pendant l’examen qui dure entre 20 et 30 minutes en général et jusqu’à 1 heure pour les examens cardiaques… » Le Pr Marianne Alison, chef du service d’imagerie pédiatrique de l’hôpital Robert-Debré (Paris) et présidente de la société francophone d’imagerie pédiatrique et prénatale, en est consciente : pour les petits, passer ce type d’examen est un moment difficile. Il est pourtant essentiel : l’IRM produit des images de qualité et réduit l’exposition aux radiations comparée au scanner à rayon X.

Pour les aider à aborder cette machine bruyante et angoissante, l’IRM est programmée pendant la sieste pour les plus petits, et associée d’une sédation ou d’une anesthésie générale chez les plus de 6 mois s’ils sont agités. « L’anesthésie n’a pas vraiment d’effet sur les résultats de l’IRM, précise Marianne Alison, mais l’intervention de l’équipe d’anesthésie ajoute un maillon supplémentaire à la prise en charge du patient et donc une organisation complexe à l’heure de la rationalisation des soins. » Même si elle est désormais bien maîtrisée, l’anesthésie générale n’est jamais dénuée de risque, et sa répétition chez des tout-petits peut être délétère notamment sur le développement cognitif.

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Des protocoles ont donc été mis en place pour ne plus en avoir besoin, en préparant mieux l’enfant pour apaiser son stress et diminuer son anxiété. Une équipe américaine a ainsi développé un kit en 3 étapes : le montage d’une maquette d’IRM, une découverte en réalité augmentée avec un smartphone, puis une séance en réalité virtuelle avec un casque afin qu’enfants et parents se familiarisent avec l’examen.

La construction d’une IRM en carton de la taille d’un livre de poche permet de visualiser et comprendre le fonctionnement de l’appareil ; pour se l’approprier, l’enfant peut le colorier ou le décorer, et faire passer une IRM à ses jouets. Ensuite, le téléphone est placé sur un espace dédié de la maquette, et la famille peut alors se mettre dans la peau du radiologue ; une application permet de créer une réalité augmentée de l’ambiance sonore de l’examen et propose des exemples de résultats. Enfin, pour les enfants les plus âgés, un casque permet de se plonger dans une réalité virtuelle qui retrace les différentes étapes de l’examen, de l’enregistrement à l’hôpital à la mise en marche de la machine, en passant par le déshabillage et le retrait des objets ferromagnétiques. Un jeu est aussi proposé à l’enfant : autour d’une fleur, dansent des papillons ; plus le joueur reste immobile et plus les papillons se posent sur la fleur. Les enfants qui ont testé le dispositif ont témoigné qu’une fois dans la machine, penser aux papillons les incitait à rester immobile pendant l’examen.

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En France, des pratiques d’accompagnement sont aussi peu à peu mises en place. « Certains constructeurs d’IRM ont développé des outils de prise en charge des enfants, comme Phillips, qui a élaboré une application ludique faisant intervenir un animal virtuel et pouvant être utilisée à la maison, explique Marianne Alison. Lorsque l’enfant entre dans le tunnel de l’IRM, il retrouve le petit animal dont l’image est projetée, ainsi que la voix familière du jeu. Cela lui permet d’avoir des repères avec un personnage attachant. L’implication des parents est importante car l’état de ces derniers a un effet sur celui de l’enfant. »

L’hôpital Robert-Debré propose aussi « des IRM de simulation pour évaluer la capacité de l’enfant à se tenir immobile pendant l’examen. Pour cela, on utilise un système de vidéo en 3D pour l’apaiser, déclare le Pr Marianne Alison. Il existe d’autres techniques ailleurs, par exemple l’utilisation de lunettes spéciales qui peuvent être utilisées dans l’IRM pour visionner une vidéo pendant l’examen afin de créer un système de diversion. »

Enfants et parents sont moins stressés et à Robert-Debré, assure le Pr Alison, « les anesthésies générales sont minoritaires ». « Il s’agit d’un véritable enjeu en pédiatrie car dans ce domaine les examens prennent plus de temps que pour les adultes, on ne peut pas avoir un flux aussi rapide que pour les adultes. » Réduire les temps d’attente pour cet examen en optimisant le temps passé dans le tunnel avec des patients formés est donc un objectif important. Le protocole de l’étude américaine a été testé sur 13 patients, les résultats recueillis dans des questionnaires sont donc difficilement généralisables et l’étude devrait se poursuivre. Mais les experts témoignent que les enfants comme leurs parents sont demandeurs d’informations factuelles sur le fonctionnement de la machine.