Le mystère est levé sur la mort de l’acteur américain Matthew Perry. La star de la série télévisée Friends, retrouvé inconscient le 28 octobre dans un jacuzzi à son domicile de Los Angeles, est décédé sous «les effets aigus» d’une prise de kétamine, a annoncé vendredi le bureau de médecine légale du comté de Los Angeles, en Californie.

Mort à 54 ans, celui qui incarnait Chandler Bing dans la sitcom Friends luttait depuis des années contre son addiction aux médicaments et à l’alcool. Il consommait ainsi manifestement cet anesthésique à action rapide, utilisé en chirurgie médicale ou vétérinaire, et qui s’est invité dans les discothèques. Si elle est mal utilisée, la kétamine peut avoir des effets néfastes et durables.

À l’origine, le chlorhydrate de kétamine est une molécule synthétisée dans les années 1960 par le chimiste américain Calvin Stevens, pour servir d’anesthésiant humain et vétérinaire. Les premiers essais cliniques sont effectués sur des prisonniers volontaires aux États-Unis. Pour décrire ses effets, les scientifiques évoquent alors une impression de flottement hors du corps, un esprit conscient mais en état de rêve. Ils parlent d’«anesthésique dissociatif», un terme qui qualifiera par la suite la kétamine.

Le produit, approuvé aux États-Unis comme anesthésiant en 1966, est administré aux soldats américains pendant la guerre du Vietnam. Son intérêt majeur est de permettre au patient de conserver ses réflexes respiratoires. Il provoque toutefois au réveil, chez de nombreux patients, des cauchemars ou des hallucinations.

En France, les premières traces d’un usage détourné de la kétamine remontent à la fin des années 1990. La «kéta» s’invite dans les «raves» et les boîtes de nuit, et devient une drogue hallucinogène illicite au même titre que la MDMA, l’ecstasy ou le LSD. Ses effets hallucinatoires mêlés à une sensation physique de perdre son corps sont particulièrement recherchés par les consommateurs. Dans le cadre de l’affaire Palmade, la police avait trouvé de la kétamine chez les narcotrafiquants suspectés d’avoir fourni le comédien en drogues.

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la kétamine sur la liste des médicaments essentiels, mais soumis à une autorisation de mise sur le marché limitée au milieu hospitalier.

Dans ses mémoires, Matthew Perry avait confié avoir suivi une thérapie par perfusion de kétamine lors d’une cure de désintoxication en Suisse, selon le Daily Mail. Il expliquait que ce produit était utilisé «pour soulager la douleur et aider à lutter contre la dépression». Car selon une analyse publiée dans la revue scientifique The Lancet en 2022, le médicament serait efficace pour lutter contre les dépressions résistantes aux antidépresseurs classiques. Il semble ne pas induire, sur une période longue, de troubles cognitifs ni d’addiction, notaient alors les auteurs de l’article.

À très forte dose, la «K» ou encore «la drogue à poney», comme l’appellent les consommateurs, peut toutefois provoquer une perte totale de conscience et un état de paralysie. Certaines personnes rapportent des expériences de mort imminente (EMI). Dans le cas d’une overdose, ou de mélange avec d’autres produits comme l’alcool ou d’autres substances, elle peut provoquer un coma ou une sédation.