Plus de huit millions et demi de Franciliens (soit 80% des habitants de la région) sont exposés à des niveaux de bruit supérieurs à 53 décibels, objectif recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en raison du trafic routier. Plus d’un million se situent au-delà de la limite réglementaire française, moins stricte.
« Même si une légère amélioration est relevée par rapport à 2019, notamment liée à la réduction du trafic, le constat reste préoccupant », indique Fanny Mietlicki, directrice de l’observatoire du bruit en Île-de-France, Bruitparif. Sans surprise, l’exposition est maximale le long des grands axes routiers : la région compte plus de mille kilomètres de voies rapides et d’autoroutes. Le diagnostic cache des disparités territoriales, la métropole du Grand Paris concentrant 80% des personnes les plus fortement exposées.
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Bruitparif a présenté vendredi, dans le cadre de la semaine du son de l’Unesco, une mise à jour des cartographies du bruit généré par les transports. Ce diagnostic est réalisé tous les cinq ans dans quatorze agglomérations de la région. Il s’appuie sur des modélisations prenant en compte les données du trafic à différents horaires, la vitesse, le revêtement des chaussées et la composition du parc automobile. « Nous intégrons aussi toutes les informations disponibles concernant la topographie : le relief, les bâtiments, les écrans antibruit… », précise Fanny Mietlicki. La carte ainsi constituée est croisée avec celle de la démographie francilienne. Établies pour guider les pouvoirs publics dans la mise en place de plan de prévention, les cartographies peuvent être consultées en ligne.
L’association relève par ailleurs une diminution du nombre de personnes exposées au bruit ferroviaire. L’amélioration s’explique par un changement de méthodologie de l’étude, mais aussi par la modernisation des rames et la mise en place de murs antibruit, selon Bruitparif. Les trains, RER, métros aériens et trams affectent tout de même environ un million d’habitants de la zone dense francilienne, la métropole du Grand Paris étant particulièrement concernée.
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Quant aux nuisances sonores aériennes, elles se sont aggravées en raison de la densification de certaines communes survolées par les avions et de la hausse du trafic aérien. Près de 500 000 personnes vivent dans des logements soumis à des valeurs supérieures à la limite de 55 dB. Selon Fanny Mietlicki, « malgré le couvre-feu décidé à Orly, le bruit nocturne demeure une problématique importante».
À l’échelle de la région, rares sont les secteurs totalement exempts des bruits provoqués par les transports. Le cumul des impacts sanitaires qu’ils produisent est massif: 22% des habitants de la zone dense d’Île-de-France subissent «une forte gêne» liée au bruit des transports, tandis que 7% connaissent de «fortes perturbations du sommeil.» Le bruit est aussi impliqué dans la survenue de maladies cardiovasculaires. Cela représente, selon Bruitparif, une moyenne de près de 10 mois de vie en bonne santé perdue par individu.