Popularisé avec la série Docteur House, qui a contribué à mieux le faire connaître depuis quelques années, le lupus est un ensemble d’affections hétérogènes et multifactorielles. Leur point commun : leur origine auto-immune et inflammatoire. Le lupus érythémateux systémique, distinct du lupus cutané qui ne touche que la peau, est la forme la plus courante. On estime qu’aujourd’hui en France, près de 30.000 personnes en sont atteintes, principalement les femmes jeunes. Un chiffre probablement sous-estimé « car certains patients ne déclarent pas cette affection de longue durée à l’Assurance maladie » selon le Dr Laurent Chiche, médecin interniste à l’Hôpital européen de Marseille. Le lupus reste pour autant une maladie rare au sens de sa définition européenne puisqu’il touche moins d’une personne sur 2000 en France.
Cette pathologie peut s’attaquer à plusieurs organes : les articulations, le cœur, les reins, ou plus rarement le cerveau, causant autant de symptômes variés qu’il y a de patients. Impossible pour autant de connaître son évolution, puisque la maladie avance par poussées.
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Un lupus d’abord cutané peut parfois se compliquer par la suite d’une atteinte plus sérieuse précise Laurent Chiche. C’est toute la difficulté des traitements, qui sont prescrits selon la diffusion de l’atteinte, les organes cibles et la sévérité de la maladie.
La recherche progresse pas à pas. Il y a quelques mois, une bonne nouvelle a provoqué le buzz dans la communauté de patients. « Une étude a pu mettre en évidence des mutations sur une voie de signalisation intracellulaire : comme il existe des médicaments à actionner dans ce cas, l’espoir était important » relate le médecin interniste. Il nuance, toutefois : « Cela ne concerne qu’un petit nombre de personnes. Il faut aussi se dire que la maladie est multifactorielle et environnementale avec une susceptibilité de plusieurs gènes. »
L’une des voies de recherche est de repositionner des traitements utilisés dans d’autres indications, en procédant par analogies. Par exemple, les « vieux médicaments » prescrits après des transplantations comme les immunosuppresseurs, donnent de bons résultats : ils ont pour effet de calmer un système immunitaire hyperactivé. Même chose avec le Plaquenil, un médicament antirhumatismal à base d’hydroxychloroquine.
Plus récemment, une meilleure compréhension des voies de signalisation impliquées dans l’inflammation du lupus a permis le développement de traitements ciblés et moins toxiques à base d’anticorps monoclonal bloquant la voie de l’interféron, une protéine de l’inflammation fortement activée dans la maladie. Cependant, seulement un petit groupe de patients semble pouvoir en tirer un bénéfice clinique. Nous ne disposons pas encore d’outils pour choisir un médicament sur mesure adapté aux paramètres d’un patient à un instant donné, comme c’est le cas en cancérologie regrette le médecin interniste.
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Pour tenter d’en savoir plus sur le lupus et son évolution, les marqueurs compagnons, à partir d’échantillons de nature variée prélevés chez les patients, sont scrutés avec attention. Les recherches s’accentuent sur le microbiote intestinal comme source potentielle de nouveaux biomarqueurs, voire, dans un second temps, d’un nouvel outil thérapeutique de manipulation immunitaire par le biais de la transplantation fécale.
Restent encore à trouver des signatures biologiques permettant de prédire des atteintes graves à venir pour pouvoir adapter les traitements et faire du sur-mesure.
Pour y parvenir, les essais cliniques se multiplient, un moyen d’accéder de façon précoce à des traitements innovants avant leur mise sur le marché. Ils reposent sur une large participation des patients à inclure. Les associations, comme Lupus France, aident à diffuser l’information, trop souvent cantonnée aux centres experts.
Elles ont également un rôle important de mise en place de programmes d’éducation thérapeutique pour apprendre à vivre avec la maladie et réagir en cas d’infection…
Car on peut d’ores et déjà agir sur les facteurs déclenchants du lupus bien identifiés : les œstrogènes, les UV ou encore le tabac.