« Une école pas assez “règles friendly”. » C’est ce que pointe l’association « Règles élémentaires », qui publie un sondage sur la perception des menstruations par 1001 jeunes filles âgées de 11 à 18 ans, interrogées par Opinion Way*. Pour 4 filles sur 5, avoir ses règles en cours est stressant. Et bien que trois quarts des filles déclarent avoir reçu des informations sur les règles durant leur scolarité, principalement en cours de SVT, la présentation négative de cet évènement naturel persiste et le fait d’avoir ses règles n’est pas encore assez normalisé.

73 % des jeunes filles interrogées ont une perception négative de leurs premières règles, qui se manifeste par des angoisses, de la peur ou du dégoût. « Le sentiment est négatif car il n’y a probablement pas assez d’informations qui normalisent le sujet. On ne les rassure pas. Parfois des jeunes filles font l’objet des blagues, ce qui génère des angoisses  », explique Justine Okolodkoff, directrice du plaidoyer et de la sensibilisation pour l’association Règles élémentaires.

Justine Okolodkoff rapporte que « la perception des règles comme étant quelque chose de sale persiste dans notre société, renforçant le tabou global, bien que cela soit un processus naturel. Les filles se tournent alors vers des communications pseudoscientifiques néfastes ». Certaines filles n’osent pas parler de leurs règles, et consultent des vidéos sur les réseaux sociaux qui en véhiculent parfois des images négatives

Selon ce rapport, les premières règles apparaissent à un âge moyen de 12 ans et 2 mois (les filles sont alors généralement au collège, en 6e ou en 5e). Néanmoins pour 20 % des jeunes filles les premières menstruations surviennent à l’école primaire, et pour 2 % d’entre elles au lycée. La première source d’information est la mère pour 85 % des jeunes filles, loin devant les amis, d’autres membres de la famille et l’établissement scolaire.

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Deux tiers des filles déclarent avoir eu des absences scolaires à cause de leurs règles, souvent plusieurs fois par an. Les jeunes filles justifient ces absences par des douleurs, ou le fait d’avoir un cours de sport. Qui plus est un quart d’entre elles estime que ces absences ralentissent leur progression scolaire.

« Pas facile de sortir de cours pour changer de protection périodique, certaines filles se retiennent d’aller aux toilettes par peur de la tâche qui pourrait se voir, elles préfèrent rester assises. Cela contrevient à la concentration en classe en générant plus de fatigue  », rapporte Justine Okolodkoff. Elle ajoute que les protections menstruelles disponibles et gratuites sont globalement peu accessibles dans les établissements scolaires, puisque seulement 36 % des filles déclarent avoir accès à des protections périodiques gratuites au sein de leur établissement scolaire, et seules 10 % y ont accès souvent. « Des distributeurs de protections dans les toilettes des établissements sont une bonne base », les rendant plus accessibles qu’à l’infirmerie, explique Justine Okolodkoff

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Justine Okolodkoff précise que « l’environnement global, les actions menées par l’établissement scolaire ont un impact sur la perception des règles par les jeunes ». Pourtant la communauté éducative s’empare du sujet, puisque trois quarts des filles déclarent avoir eu des informations sur les règles durant leur scolarité, principalement en cours de SVT . Malgré cela les menstruations continuent d’avoir une perception négative. «  Les sciences (la SVT) jouent un rôle pour expliquer la physiologie, mais il faudrait aborder le sujet autrement en intégrant des éléments psychologiques et sociaux », propose Justine Okolodkoff. Elle ajoute que « le recours à des associations et des professionnels de santé de santé en milieu scolaire montre de bons résultats notamment sur l’aspect psychosocial. Garçons et filles doivent être impliqués dans des moments d’échange sur les règles. Il faut intégrer l’éducation menstruelle à l’éducation à vie affective et à la vie sexuelle. »

*Échantillon de 1001 filles menstruées âgées de 11 à 18 ans, interrogées par questionnaire en ligne du 27 mars au 4 avril 2023.