C’est l’été, promenons-nous dans les bois… Pour découvrir cette drôle de pratique qu’est le Shinrin-Yoku, né il y a 40 ans au Japon. Au début des années 1980, face à des Japonais toujours plus stressés, l’Agence forestière du pays a incité les citadins à fréquenter les bois pour améliorer leur hygiène de vie. En quelques années, les bains de forêt ont été adoptés dans un pays où la nature est élevée au rang de divinité, comme en témoigne, par exemple, le célèbre roman Pays de neige, de Yasunari Kawabata.
Pour pratiquer, il ne suffit pas, pourtant, de se promener dans une forêt. L’immersion sollicite tous les sens. La marche doit se faire en pleine conscience, explique Christopher Le Coq qui propose des bains de forêt en région parisienne. Ralentir le pas, par exemple, permet de porter son attention sur ce qui se passe autour de soi, mais aussi sur ce qui se passe à l’intérieur de son corps et de sa tête.
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Sympathique, certes, mais est-ce vraiment thérapeutique ? Plusieurs études scientifiques montrent que ces immersions sensorielles sont bénéfiques pour la santé mentale et physique. Un article, publié en 2019 dans la revue Santé Publique de la Société française de santé publique, explique par exemple que le Shinrin-Yoku agit sur les systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire. Il régule l’activité de certains nerfs, avec pour effet
la réduction de la tension artérielle et la fréquence cardiaque, provoquant ainsi un effet relaxant. Ces balades en pleine nature entraînent également une baisse du cortisol, l’hormone du stress, et boostent le système immunitaire en stimulant l’action de certaines cellules anticancéreuses.
Exercice pratique au bois de Boulogne, aux portes de Paris. Christopher explique le concept à une dizaine de participants. Chacun se présente et évalue le niveau de sa santé physique et mentale. Christelle, 51 ans, est venue à cause d’un Covid long et d’une souffrance au travail. Ce n’est pas son premier Shinrin-Yoku. Immergée dans la nature, elle a trouvé ce qu’elle était venue chercher. « Je respire, je suis calme, plus légère, la sensation d’avoir du vent dans mes branches. »
Il est l’heure de commencer la marche en pleine conscience. Quelques pas et le cercle se reforme pour partager ses ressentis. Tous s’écoutent. Le guide appelle chacun à utiliser ses 5 sens. Regarder la nature, toucher la terre, sentir son odeur, ce qui fait remonter des souvenirs d’enfance. Faire craquer des feuilles mortes, observer l’activité des insectes sur le sol, dont on avait oublié l’existence, habitués à toujours regarder devant soi.
Un exercice de respiration et de visualisation permet de méditer. On poursuit par une nouvelle marche, plus longue, dans les sous-bois du bois de Boulogne. Dans le silence. Christopher nous invite à ramasser un objet sur notre chemin. Une graine d’érable, une coquille d’escargot. De nouveau ensemble, chacun décrit sa marche et explique la raison qui nous a poussés à ramasser telle ou telle nature morte. Vient ensuite le moment de se connecter aux troncs des arbres, voire de les enlacer pour les plus à l’aise. Au bout de 3 heures d’immersion, Angélique, 30 ans, ressent « une réelle déconnexion et la sensation d’être dans le moment présent ». Les dernières minutes sont un moment d’échanges autour d’un thé fumant, avec remerciements mutuels pour une expérience partagée.