La France a observé au début des années 2020 un regain de décès par maladies cardiovasculaires ou d’origine nutritionnelle, d’après une étude publiée mardi 18 décembre, un changement de tendance qui reste à expliquer mais pourrait être lié à la crise sanitaire du Covid-19.
«On note des hausses de la mortalité due aux maladies de l’appareil circulatoire en 2021, aux maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques et de l’appareil digestif dès 2020, par rapport aux tendances des années 2015-2019», résume cette étude de référence réalisée par des chercheurs de l’agence Santé publique France, de l’Inserm et de la direction des statistiques du ministère de la Santé (Drees).
Tous les ans, ces chercheurs dressent un bilan des principales causes de mortalité en France avec un peu de retard : il s’agit ici de l’année 2021, marquée, comme la précédente, par de nombreux morts du Covid malgré les premiers effets positifs de la vaccination. Ainsi, bien que le nombre total de morts – 660.168 – ait légèrement décliné par rapport à 2020, année d’apparition du Covid, il restait nettement plus élevé qu’avant la pandémie.
Le Covid lui-même est resté en 2021 la troisième cause de décès en France, comme en 2020. Il a causé environ un dixième des morts, contre un quart pour les cancers et un cinquième pour les maladies cardiovasculaires. Si le poids du Covid a, depuis, probablement chuté parmi dans les grandes causes de mortalité, d’autres tendances observées par l’étude pourraient s’avérer plus durables.
Ainsi, les décès par maladies cardiovasculaires ont interrompu en 2021 leur tendance à la baisse. On observait aussi une hausse des morts liées à des maladies métaboliques ou nutritionnelles, tels le diabète ou la cirrhose, un rebond déjà perceptible en 2020. «On a quelques hypothèses pour ces hausses qui pourraient être liées à des effets indirects de l’épidémie de Covid», a avancé auprès de l’AFP l’une des auteures, Anne Fouillet, épidémiologiste à Santé publique France.
«On peut penser à des difficultés d’accès aux soins ainsi qu’à un isolement social plus important qui a pu jouer sur des différences de comportement et de consommation», a-t-elle détaillé en précisant que ces tendances étaient aussi observées dans d’autres pays. Mais «tout cela reste des hypothèses et nécessite des études complémentaires», a-t-elle ajouté.