Hypoglycémie, fatigue, irrégularité menstruelle, anxiété, inconfort digestif… Voici la liste des effets indésirables de l’Orlistat, l’un des seuls médicaments coupe-faim autorisés en France, agissant sur la digestion des graisses. « Les autres sont interdits en raison de leur dangerosité », précise Laure Hyvernat, docteur en pharmacie et nutritionniste. Depuis le scandale du Mediator, les autorisations de mise sur le marché des médicaments dits anorexigènes (agissant sur les processus du cerveau) ont été toutes retirées.

Amphétamines, antiépileptiques… ces molécules ne sont pas autorisées à être prescrites pour perdre du poids. Si elles sont utilisées à ces fins, il s’agit d’un détournement de leur usage – formellement interdit. Détournement aussi du côté d’autres médicaments qui font beaucoup parler d’eux en ce moment : des antidiabétiques qui diminuent l’appétit. Le plus connu d’entre eux : l’Ozempic, dont l’ingrédient actif est le sémaglutide. Il appartient à une famille de molécules appelées les agonistes de récepteurs GLP-1.

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Produit naturellement par le petit intestin, le GLP-1 est une hormone qui aide le pancréas à sécréter plus d’insuline. On s’est aperçu qu’il avait aussi le pouvoir de diminuer l’appétit et de faire maigrir. Initialement réservé aux patients diabétiques ou obèses, le produit a été détourné de son usage premier de façon à faire perdre quelques kilos, et, pour cette raison, il est vanté sur les réseaux sociaux. Pendant l’année 2021-2022, 215.000 patients français ont pris ce médicament, dont 2185 non-diabétiques selon les estimations de l’assurance-maladie.

« En aucun cas, un médicament ou un régime, qu’il soit proposé par un professionnel ou un pseudo-professionnel comme un coach en nutrition, ne peut se substituer à un suivi recommandé par la Haute Autorité de santé », insiste le nutritionniste et endocrinologue Boris Hansel. Les coupe-faim ne sont d’ailleurs pas adaptés à l’élimination de quelques kilos pour des motivations esthétiques ou de confort. « Il faut savoir pourquoi on veut perdre du poids. Ce n’est jamais anodin », prévient le médecin.

Une erreur commune consiste à se jeter sur des coupe-faim qui risquent de faire vriller la balance hormonale. Et d’enfermer le patient dans un cercle vicieux. « J’encourage les femmes qui ont des fringales ou sont victimes d’une résistance à la perte de poids à effectuer un bilan hormonal du microbiote, car un déséquilibre de ce dernier ou des hormones déréglées sont souvent à l’origine de leurs troubles », indique la nutritionniste Laure Hyvernat. Les souffrances émotionnelles ou le stress incitent, en outre, à se réfugier dans l’alimentation, et ce n’est pas un médicament qui résoudra le ou les problèmes.

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Pour ceux qui souhaitent moins manger, il existe des techniques naturelles pour accélérer le sentiment de satiété. « Pour commencer, boire au minimum deux litres d’eau par jour permet de remplir l’estomac. Les smoothies, en mélangeant fruits et légumes, permettent de faire le plein de fibres et de réguler la glycémie sans stimuler l’insuline. Enfin, pour éviter de trop manger le soir, il est intéressant de s’octroyer un en-cas hyperprotéiné vers 16 heures : pudding de graines de chia ou fromage blanc », propose Laure Hyvernat.

Son astuce supplémentaire ? Le konjac, une plante asiatique qui ressemble au riz, mais ne contient pas de glucides. « C’est hypocalorique tout en donnant l’impression d’être rassasié… et sans effets secondaires » ! Reste que pour certains patients, les coupe-faim peuvent être prescrits sous surveillance médicale. Boris Hansel conclut : « En dehors de tout accompagnement, la prise de ces médicaments fatigue le corps, le métabolisme et l’estime de soi. Mais lorsqu’ils sont prescrits, au bon moment et de la bonne manière avec un encadrement, ils ont tout leur sens. »