Une étude publiée mardi par Santé publique France montre que les principaux départements d’outre-mer sont bien plus touchés par le diabète que la métropole, une situation dont les causes apparaissent complexes à établir. L’enquête a été menée par des chercheurs de l’agence de santé publique auprès des habitants de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et de la Réunion.
Cette étude estime que 12,0% des Guadeloupéens, 11,5% des Martiniquais, 11,6% des Guyanais et 13,6% des Réunionnais sont diabétiques (type 1 ou type 2 confondus, bien que le type 2 soit le plus fréquent), comparé à une proportion de 5,7% en métropole. Les auteurs de l’étude, menée par l’épidémiologiste Sandrine Fosse-Edorh, avancent même que la proportion réelle est probablement plus élevée. En effet, ces chiffres n’incluent pas les habitants qui ont rapporté qu’on leur avait diagnostiqué un «petit diabète», une notion sans fondement médical mais qui leur laisse croire qu’ils sont touchés par une forme précoce et bénigne de cette pathologie. Ils compteraient pour 3% ou 4% de la population, selon les départements.
Cette proportion élevée de diabétiques n’est pas une surprise, car elle va dans le sens d’observations déjà faites sur la population d’outre-mer. Toutefois, les causes en apparaissent complexes à déterminer. Le surpoids et l’obésité sont les principaux facteurs de risque de diabète, mais ils ne sauraient apparaître comme seuls en cause. Ils sont en effet plus répandus globalement outre-mer… mais si l’on se limite aux seuls diabétiques, la part de personnes en surpoids n’y est pas plus élevée qu’en métropole. Dans la majorité des départements d’outre-mer (Guadeloupe, Guyane et Réunion), elle est même moindre !
Cette prévalence plus élevée du diabète pourrait être due à des «mécanismes physiopathologiques spécifiques du diabète de type 2 dans ces territoires», avancent les auteurs de l’étude. Ces mécanismes pourraient favoriser un risque de diabète chez un individu au poids relativement peu élevé, ce qui n’est pas le cas chez les habitants d’autres régions comme en métropole. Les auteurs pointent par ailleurs le manque de suivi médical des habitants d’outre-mer, que ce soit des niveaux de glycémie mal contrôlés ou, une fois le diabète déclaré, un traitement absent ou inadéquat.