C’est un message sans ambiguïté. Après plus de 15 ans d’utilisation et 300 millions de doses administrées dans le monde, les vaccins contre les papillomavirus humains sont «sûrs et efficaces», selon l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’autorité sanitaire vient de publier un rapport sur les effets indésirables signalés au cours de la campagne de vaccination au collège, lancée en septembre 2023. «Cette analyse, réalisée avec le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance, montre qu’aucun signal de sécurité n’a été détecté avec ce vaccin. Les cas déclarés sont majoritairement des effets post-vaccinaux connus et non graves de Gardasil 9», rapporte l’ANSM.
En octobre 2023, les élèves de 5e de tous les collèges publics et des établissements privés volontaires ont été invités à recevoir une première dose de vaccin anti-papillomavirus humains (HPV). Pour rappel, les infections par l’un de ces virus peuvent évoluer vers des cancers, dont le plus fréquent est le cancer du col de l’utérus. En France, 6400 cancers sont liés chaque année à ces virus, dont près de 3000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus. Par ailleurs, un quart des cancers dus aux papillomavirus concerne des hommes (cancers ORL, de l’anus et du pénis). Or lorsqu’elle est effectuée avant le début de la vie sexuelle, l’efficacité de la vaccination est proche de 100%.
Au total, 46 cas d’effets indésirables ont été signalés dans le cadre de la campagne vaccinale dans les collèges, le plus souvent chez des garçons. «L’analyse des cas montre qu’il s’agit majoritairement d’effets post-vaccinaux connus et non graves de Gardasil 9», indique l’ANSM. Il s’agit par exemple de réactions au site d’injection du vaccin (rougeurs, douleurs et/ou inflammation), de maux de tête, de sensations de vertige, de troubles gastro-intestinaux, de fièvre ou de fatigue. «Tous ces effets peuvent apparaître rapidement après la vaccination et durent peu de temps», précise l’agence du médicament.
En 2020, une vaste étude australienne, qui a suivi sur 11 ans le devenir de 9 millions de doses de vaccins, a conclu qu’il n’y a pas eu plus de complications dans le groupe vacciné que chez les non-vaccinés. D’autres données vont dans le même sens.
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Alors que la campagne de vaccination contre le papillomavirus se poursuit avec les deuxièmes doses, l’ANSM a rappelé lundi l’importance de la surveillance post-vaccination, notamment «pour prévenir des blessures suite à un malaise». Fin octobre 2023, le décès d’un collégien victime d’une chute après un malaise post-vaccinal avait conduit l’Agence du médicament à affiner ses recommandations. Les adolescents doivent donc bénéficier d’une surveillance de 15 minutes suivant l’injection et ils doivent préférentiellement rester allongés ou assis par terre, adossés contre un mur.
Début février, le Conseil d’État a rejeté un pourvoi de l’association E3M, qui réclamait un moratoire sur la campagne au motif que les vaccins contre le papillomavirus humain provoqueraient une maladie rare, la myofasciite à macrophages. Le conseil d’État a mis en avant, entre autres justifications, le «bon profil de sécurité» du vaccin utilisé, le Gardasil 9, sur le marché depuis quinze ans.
L’ANSM poursuit sa surveillance renforcée et publiera un second rapport après l’administration des deuxièmes doses. La vaccination des adolescents contre le papillomavirus a connu une augmentation notable en France depuis le démarrage de la campagne au collège, y compris en médecine de ville, mais reste encore à améliorer, selon des données publiées vendredi par Santé publique France.