«Est-ce que je ne suis pas en train de me détruire les poumons?», s’interroge Sofia en pédalant vers son bureau, dans un grand centre urbain. Les études sont formelles: faire du vélo est bon pour la santé malgré la pollution et les risques d’accident. Néanmoins, en ville, les cyclistes regrettent de respirer un air d’une qualité variable et médiocre. Pour l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) «la pollution atmosphérique est l’un des plus grands risques environnementaux pour la santé». La pollution de l’air augmente les risques d’AVC, de cancer du poumon, d’affections cardiaques et respiratoires comme l’asthme, et même de maladies psychiatriques. Mais alors, quels réflexes adopter pour prendre soin de sa santé à vélo? Positionnement au feu rouge, itinéraire alternatif… Le Figaro vous donne quelques conseils pour éviter au mieux la pollution en ville.
«Les particules fines sont distribuées selon un gradient. Plus on est proche du trafic routier et plus les concentrations de polluants augmentent. Les cyclistes sont plus exposés que les piétons, mais moins que les personnes en voiture», rapporte Basile Chaix, directeur de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) qui travaille sur plusieurs études liées à la santé publique en ville notamment en lien avec l’environnement, la mobilité et la santé. «Quand on s’éloigne de quelques mètres du trafic, on diminue les sources d’expositions. Les voies cyclables soumettent le cycliste à une exposition plus faible que les bandes cyclables», indique Basile Chaix. D’autres préconisations permettent de limiter son exposition à la pollution atmosphérique urbaine, comme se tenir à distance de l’arrière des camions et des bus à moteurs thermiques. Au feu rouge, il existe des espaces réservés aux vélos qui leur permettent de se placer devant les voitures, les éloignant des pots d’échappement.
Lors d’une journée avec une forte pollution atmosphérique ou dans une zone à fort trafic routier, adapter son niveau d’effort permet de réduire l’entrée de polluants dans notre organisme. «L’allure joue un rôle, notamment dans les zones les plus exposées. Plus l’activité physique est forte et plus le volume d’air inhalé est important. Il faut diminuer la force de l’effort au niveau des zones ou moments très pollués», indique le chercheur. Le cycliste peut aussi adapter son trajet. «Cela peut sembler pertinent d’emprunter un itinéraire alternatif moins fréquenté», rapporte Basile Chaix, qui précise cependant qu’il faut aussi prendre en considération les équipements de sécurité pour les vélos présents sur l’itinéraire.
À lire aussiQuels sont les meilleurs vélos électriques ? Découvrez nos palmarès 2023
Porter un masque n’est pas efficace pour se protéger de la pollution en ville. Une étude de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publiée en 2018 montre que les mesures en laboratoire de l’efficacité antipollution des masques de cyclistes proposés sur le marché sont loin de correspondre aux mesures en conditions réelles. Pour l’Anses, l’efficacité du masque dépend de plusieurs paramètres comme son adhérence au visage, les types de particules filtrés, le taux de ventilation pulmonaire de l’individu, ou l’entretien du masque. Pour ne rien arranger, le port du masque à vélo génère une gêne à l’origine d’une augmentation du débit respiratoire, favorisant l’entrée des polluants dans les poumons. Il pourrait aussi, rapporte Basile Chaix, générer des changements de comportements délétères: «quand on porte un masque, on se sent protégé, donc on ne va pas respecter d’autres recommandations comportementales».
Quoi qu’il en soit, même en ville la balance bénéfices risque penche au profit du vélo plutôt que d’autres modes de transport: « Les études sérieuses sont assez claires, faire du vélo est recommandé pour l’activité physique. Les gains en matière d’activité physique outrepassent les risques liés à l’exposition à l’air pollué, l’accidentologie et au niveau sonore», souligne Basile Chaix.