Elle concerne en France près d’un adulte sur trois. Mais faute de symptômes et d’un dépistage suffisant, quatre malades sur dix ignorent être touchés. Pourtant, le traitement del’hypertension artérielle s’avère indispensable. Car en persistant, elle nous expose à un risque important : elle tue, chaque année, 11 millions de personnes à travers le monde !
Éric, la cinquantaine, en a souffert pendant des années sans le savoir. « J’avais souvent des maux de tête à l’arrière du crâne en me réveillant le matin, mais je pensais que c’était de la migraine. » Chez lui, l’hypertension artérielle n’était pas secondaire à la prise de certains médicaments ou à d’autres maladies (des glandes endocrines, des surrénales, des reins, etc.) comme elle l’est chez 10 % des gens. Elle se rangeait dans l’autre catégorie, dite essentielle, et associée à toute une série de causes potentielles. Les unes, difficilement modifiables, comme l’âge, le sexe, les antécédents familiaux, etc. Les autres, largement plus évitables, telles que le surpoids, la sédentarité, une alimentation déséquilibrée, une consommation excessive de sel, de tabac, d’alcool… Avec des taux élevés de « mauvais » cholestérol, du diabète, et plus largement, un syndrome métabolique.
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« Plus le taux de sucre dans le sang est important, plus cette hyper-glycémie est prolongée, plus le risque d’accident cardio-vasculaire est élevé », souligne le Pr Louis Potier, diabétologue et nutritionniste à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard (AP-HP/Inserm/université Paris- Cité). Les vaisseaux sanguins vont, en effet, s’épaissir et se rigidifier. Dès lors, tous les organes seront moins bien irrigués, d’où un risque d’atteinte du cœur (infarctus), des yeux (rétinopathie), des reins (insuffisance rénale), etc. De plus, l’enveloppe de l’aorte peut se déchirer : c’est la dissection aortique, une urgence vitale. Enfin, les artères sont susceptibles de s’obstruer, par suite d’un processus mêlant cellules inflammatoires et lipides, entraînant accident vasculaire cérébral ou infarctus du myocarde. Et le cœur, devant travailler davantage, finit par fatiguer (insuffisance cardiaque).
Pour éviter d’en arriver là, Éric est traité, comme environ 11 millions de Français. On dispose de plusieurs familles de médicaments (antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, diurétiques, bêta-bloquants, etc.) et comme l’indique le Pr Potier, « dès que vous contrôlez votre pression artérielle, le risque cardio-vasculaire diminue très vite ». Il pointe, néanmoins, les méfaits de l’hyperglycémie, dont les effets sur les artères perdurent.
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« Un message à faire passer : la mesure de tension artérielle se fait chez le médecin», insiste le Pr Boris Hansel, diabétologue et nutritionniste à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard. Quant à la prévention, elle s’appuie sur l’hygiène de vie : ne pas fumer, bouger plus, manger mieux, avec moins de sel et d’alcool. À suivre, y compris sous traitement médicamenteux.
Beaucoup de fruits, de légumes, de céréales complètes et de produits laitiers allégés, avec ce qu’il faut de volaille, de poisson, de noix, mais peu de viande rouge et de sucre. Tel est le régime Dash (Dietary Approaches to Stop Hypertension) testé avec succès dans un essai clinique à la fin des années 1990 pour faire baisser la tension artérielle. Les chercheurs l’ont amélioré pour ramener la consommation quotidienne de sodium sous les 2300 mg (soit 5 g de sel) que recommande l’Organisation mondiale de la santé aux adultes. Une gageure. Car, au-delà de la salière, et en concentrations variables, il y a du sodium dans quasiment tous nos aliments !