En quelques secondes, au moment de l’annonce, la vie des personnes malades du cancer se retrouve chamboulée. Face au séisme, le soutien de l’entourage familial et amical est évidemment primordial. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’on n’ait pas besoin d’un suivi psychologique effectué par un professionnel. Une manière d’affronter cette période difficile le plus sereinement possible, voire – mais ce ne doit pas être une obligation – de se servir de ce coup dur pour mieux se connaître.

« Avant la maladie, je pensais qu’un psychologue était pour ceux qui n’arrivaient pas à s’en sortir tout seul, se souvient Sophie Roosens, une chargée de clientèle en assurance, frappée d’un cancer du sein à 48 ans. Mais, en fin de compte, ces séances ont constitué une vraie aide qui m’a permis de soulager mes proches. » Angélique Bosc, enseignante en école maternelle, se remet, elle aussi, d’un cancer du sein. Elle dresse le même constat. « Je me suis rendu compte que l’on en a forcément besoin, même si on se croit forte », résume-t-elle.

La psychothérapie a permis à cette quadragénaire d’accepter la maladie découverte lors d’un dépistage de routine. « Au départ, j’étais en phase de dissociation. Je n’avais aucun symptôme, je n’avais mal nulle part et je ne me sentais absolument pas malade. Cela a été difficile que mon corps et mon esprit se rencontrent. La psychologue m’a aidée à m’engager dans cette voie », détaille Angélique Bosc.

Cette mère de trois enfants a ensuite jalonné son année de traitements de rendez-vous avec sa praticienne, en particulier lors des principales étapes. Ces entretiens lui ont permis de trouver les mots adaptés pour annoncer son cancer à sa famille, tandis qu’elle retournera voir sa psychologue avant de reprendre le travail. Son plus jeune fils, âgé de 9 ans, a également consulté.

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« Nous offrons un espace où les personnes atteintes d’un cancer peuvent déposer leurs peurs, leurs émotions, leurs angoisses, leurs questions. Ces échanges facilitent une prise de recul pour penser les choses autrement que sous l’angle purement émotionnel. C’est valable pour les personnes malades comme pour les aidants, eux-mêmes impactés par ce qui arrive à leur proche », explique Sophie Cros, psychologue clinicienne au sein de la Ligue contre le cancer.

Plutôt que de fournir des réponses, ces professionnels représentent « un soutien pour la personne afin d’accompagner son cheminement psychologique, social et affectif, face aux pertes auxquelles la maladie pourrait la confronter », poursuit Sophie Cros. Sa collègue, Agnès Petoin, insiste sur les bouleversements radicaux qu’engendre le diagnostic : « Nous soutenons le patient dans sa recherche de nouveaux points d’appui, intérieurs et extérieurs, pour faire face au cancer et aussi à l’après-maladie. »

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Ce suivi se poursuit d’ailleurs bien souvent au-delà des traitements physiques. « Pour beaucoup, c’est l’occasion d’entamer un travail personnel de reconstruction psychologique. Cette traversée de la maladie bouscule en effet les repères intérieurs et vient requestionner le sens de son existence ainsi que son rapport au monde environnant », reprend Sophie Cros. Agnès Petoin complète : « Nous sommes aussi là pour soutenir les personnes dans leur désir de repenser leur vie à la suite de cette épreuve. »

Ce changement de perspective, Sophie Roosens l’a vécu. « La psychologue m’a permis de me poser des questions. Et de réaliser, qu’au fond, je ne m’aimais pas et que je me mettais des bâtons dans les roues, se remémore-t-elle. Il m’a fallu un cancer pour me mettre une grosse gifle et m’accepter comme je suis ! »