Les communistes de Mao Tsé-toung prennent le pouvoir à Pékin en 1949 et font fuir les nationalistes du Kuomintang (KMT) de Tchang Kaï-chek à Taïwan, marquant la fin de la guerre civile chinoise. Le KMT forme un gouvernement à Taïpei en décembre, et rompt toute relation avec la Chine continentale.
En 1950, Taïwan devient l’allié des États-Unis, qui mène une guerre contre la Chine en Corée. Washington déploie une flotte dans le détroit de Taïwan pour protéger son nouvel allié d’une possible attaque.
En octobre 1971, Pékin reprend le siège de la Chine à l’ONU, précédemment tenu par Taïpei. En 1979, les États-Unis rompent formellement leurs relations diplomatiques avec Taïwan et en établissent avec Pékin, reconnaissant ainsi officiellement la République populaire de Chine.
Washington entretient cependant une «ambiguïté stratégique» sur la question taïwanaise, et reste l’allié le plus puissant de l’île, notamment en lui fournissant un soutien militaire substantiel.
Fin 1987, les résidents de Taïwan sont autorisés à se rendre en Chine continentale pour la première fois depuis la séparation, permettant aux familles de se réunir. Taïwan met fin en 1991 à l’état de guerre avec la Chine. Les premiers pourparlers entre les deux parties sont organisés deux ans plus tard à Singapour.
Mais en 1995, à la suite d’une visite du président taïwanais de l’époque, Lee Teng-hui, aux États-Unis, Pékin lance une série de tirs de missiles autour de l’île.
D’autres manœuvres au large de Taïwan sont menées par les communistes en 1996, afin de dissuader les électeurs de participer à la première élection présidentielle démocratique du territoire.
Lors des élections de 2000, le KMT perd pour la première fois le pouvoir à Taïwan. Les liens commerciaux entre les deux parties s’améliorent les années suivantes.
Pékin adopte en mars 2005 une loi autorisant l’usage de la force si Taïwan déclare son indépendance. En avril cette même année, le président du Kuomintang Lien Chan se rend en Chine pour y rencontrer le dirigeant chinois d’alors Hu Jintao, une visite historique.
En 2008, les relations se réchauffent: Ma Ying-jeou du KMT est élu président, sur un programme favorable à Pékin.
Les deux rives signent un accord-cadre de coopération économique en 2010 et organisent en 2014 les premières discussions de gouvernement à gouvernement depuis la séparation.
Tsai Ing-wen, du Parti démocratique progressiste (PDP), traditionnellement pro-indépendantiste, remporte l’élection présidentielle de janvier 2016.
En juin cette même année, la Chine suspend toute communication avec Taïwan: Mme Tsai refuse de reconnaître le Principe de la Chine unique par lequel l’île et le Continent feraient partie d’un seul pays.
En décembre, Donald Trump, alors président des États-Unis, rompt avec des décennies de politique diplomatique américaine et échange directement au téléphone avec Tsai Ing-wen.
Xi Jinping déclare en janvier 2019 que la réunification entre la Chine et Taïwan est «inévitable».
En 2021, des avions militaires chinois font des centaines d’incursions dans la zone de défense de Taïwan.
En octobre, le président américain Joe Biden affirme que les États-Unis défendront Taïwan si la Chine l’attaque, des propos partiellement démentis dans la foulée par la Maison Blanche.
Le 2 août 2022, Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, atterrit à Taïwan, dans le cadre d’une tournée asiatique.
Furieux, Pékin déclenche en représailles des manœuvres militaires de grande ampleur autour de l’île auto administrée. Taïwan est encerclé le 4 août, et des tirs de missiles sont effectués pendant une semaine.
Dans le cadre de ces exercices, des avions de chasse et des navires de guerre ont été déployés.
Taïpei répond par ses propres exercices et, dans les semaines qui suivent, les États-Unis envoient des navires de guerre dans le détroit et annoncent de nouveaux programmes d’aide militaire à l’île.
La Chine impose des sanctions à Nancy Pelosi, mais sa visite incite d’autres délégations américaines et européennes à se rendre à Taïwan.
Tsai Ing-wen s’arrête à deux reprises aux États-Unis, avant et après une visite chez ses alliés d’Amérique latine, de moins en moins nombreux. Elle rencontre le président de la Chambre des Représentants Kevin McCarthy à Los Angeles le 5 avril.
Pékin menace de représailles pour «défendre» sa souveraineté, insistant sur le fait que Taïwan fait partie de son territoire.
Le 8 avril, au lendemain du retour de Mme Tsai à Taïpei, Pékin annonce trois jours d’exercices militaires.
Ce jour-là, le ministère de la Défense taïwanais détecte au moins huit navires de guerre et 42 avions de chasse autour de Taïwan.
Vingt-neuf avions entrent au sud-ouest de la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan, et Pékin parle pour le premier jour d’entraînement à «l’encerclement» de Taïwan.
Le lundi 10, Pékin organise des exercices à tirs réels près de Pingtan (sud-est), point de Chine continentale le plus proche de Taïwan.