Le numéro 3 du Hamas dans la bande de Gaza, Marwan Issa, a été tué lors d’une frappe aérienne israélienne la semaine dernière, selon le conseiller à la sécurité nationale de l’Administration américaine, Jake Sullivan. Il est le plus haut responsable de l’organisation à avoir été tué depuis le 7 octobre.
Tsahal a mené une opération aux alentours du 10 mars dans un tunnel du quartier Nuseirat de la bande de Gaza, où était caché le chef adjoint de la branche armée du mouvement islamiste. «Les soldats israéliens ont réalisé des progrès significatifs contre le Hamas, ils ont brisé un nombre important de [leurs] bataillons, tué des milliers de [leurs] combattants, y compris des commandants », a déclaré Jake Sullivan lundi, lors d’une conférence de presse. Marwan Issa figurerait parmi les combattants abattus. Si Israël n’a pas confirmé sa mort, un haut responsable de ce pays, parlant sous couvert d’anonymat au New York Times, a signalé qu’il y avait de nombreuses indications qu’Issa avait bien été éliminé. Le Hamas n’a pas commenté les déclarations de la Maison Blanche.
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Après les massacres du 7 octobre, Israël a affirmé vouloir la destruction totale de l’organisation terroriste. Peu de ses hauts responsables ont toutefois été tués en presque six mois de guerre. La mort de Marwan Issa, soupçonné d’avoir planifié l’attaque baptisée « al-Aqsa », constituerait une victoire pour l’État hébreu. Certains experts nuancent toutefois l’importance de sa disparition, expliquant qu’elle n’aura pas de conséquences notables sur les capacités opérationnelles du Hamas.
À 58 ou 59 ans, Marwan Issa cumulait plusieurs fonctions au sein de l’organisation islamiste, et faisait le pont entre ses branches militaire et politique. Un ex-chef du renseignement militaire israélien, le général Tamir Hayman, a indiqué que Marwan Issa était à la fois « ministre de la Défense » et commandant militaire adjoint. Il est monté en grade au sein des brigades Qassam, le bras armé du Hamas, après la mort de Ahmed al-Jabari, tué en 2012. Lui-même a été la cible de plusieurs tentatives d’assassinat entre 2006 et aujourd’hui.
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Né dans le camp de réfugiés Al Bureij, qui se situe dans le centre de la bande de Gaza, Marwan Issa s’est engagé auprès des Frères musulmans dans sa jeunesse. Il a ensuite rejoint le Hamas à sa sortie de prison, après avoir été arrêté pour sa participation à la première Intifada de 1987. Il est également soupçonné d’avoir été à la tête d’opérations visant à infiltrer des colonies israéliennes durant la deuxième Intifada des années 2000.
Son nom est mentionné pour la première fois par l’organisation terroriste en 2005. Il devient par la suite le bras droit d’Ahmed al-Jabari, à l’époque commandant adjoint des brigades Qassam. «Il était une sorte de chef de cabinet», explique Gerhard Conrad, un ancien agent du renseignement allemand qui a vu les deux hommes une dizaine de fois entre 2009 et 2011. Marwan Issa travaillait surtout sur les échanges de prisonniers à cette époque. «Il était le maître concernant les données sur les prisonniers. Il avait tous les noms à négocier», a poursuivi l’ex-officier allemand. Issa prend ensuite la succession de son ancien chef.
S’il devient alors une figure importante du mouvement islamiste, Marwan Issa reste toutefois dans l’ombre, n’apparaissant que rarement sur le devant de la scène et donnant que peu d’interviews. Son visage a été vu pour la première fois en 2011, lorsqu’une photographie de lui est publiée aux côtés de Saleh al-Arouri et Ahmed al-Jabari, pour avoir organisé la libération d’un millier de Palestiniens. Gerhard Conrad l’a décrit comme quelqu’un de pas très charismatique dans un entretien pour le New York Times. «Il n’était pas très éloquent mais savait quoi dire et allait droit au but», a déclaré l’ancien agent allemand.
Si Marwan Issa faisait «partie du rang de premier plan de la branche armée», selon Salah al-Din al-Awawdeh, un expert palestinien proche du Hamas, sa disparition ne devrait pas paralyser le mouvement islamiste.« Il y a toujours un remplaçant. Je ne pense pas que l’assassinat d’un membre de l’aile militaire aura un effet sur ses activités », a déclaré l’analyste. Une opinion partagée par Michael Milshtein, un ancien officier du renseignement israélien, pour qui l’organisation va vite se relever. « Sa mort est une grande perte pour le Hamas, mais ce n’est pas une perte qui mènera à son effondrement, et ça ne l’affectera pas longtemps. Dans une semaine ou deux, ils l’auront surmontée », a-t-il affirmé. Il a précisé que si les commentaires de Marwan Issa étaient écoutés par les plus hauts responsables de l’organisation, il ne dirigeait pas directement les combattants.
Yahya Sinwar, le cerveau présumé des attaques du 7 octobre et dirigeant du Hamas, échappe toujours à l’armée israélienne, tout comme Mohammed Deif, le commandant en chef du bras armé du Hamas.