«Nous n’avons aucun lien avec le FPLP». Les cadres lieutenants de Jean-Luc Mélenchon, Éric Coquerel et Manuel Bompard, ont tenté de mettre les points sur les i, tant bien que mal. Le Front populaire de libération de la Palestine est-il terroriste ? «[Il] est inscrit sur la liste des organisations terroristes dans un certain nombre de pays», s’est pourtant contenté de répondre le porte-parole de la France Insoumise Manuel Bompard, interrogé sur BFMTV ce mercredi.
«C’est un groupe historique du côté des Palestiniens, issu du marxisme, nationaliste, qui agit surtout à Gaza, et à part cette information que je vous donne, je n’en sais pas beaucoup plus», assurait le député Éric Coquerel la vieille sur la chaîne d’information en continu. La France Insoumise est accusée de collusion avec le mouvement palestinien, notamment après l’invitation à l’Assemblée nationale formulée par la députée insoumise Ersilia Soudais de la militante palestinienne Mariam Abou Daqqa, engagée dans le mouvement terroriste et finalement expulsée du territoire français le 10 novembre. Au printemps dernier, plusieurs cadres insoumis, dont Éric Coquerel, avaient signé une tribune pour demander la libération de Georges Abdallah, condamné à la perpétuité pour complicité d’assassinat de diplomates américain et israélien en 1987 et engagé au FPLP.
Accusé par l’armée israélienne de détenir la famille Bibas, dont le plus jeune otage israélien Kfir est un bébé de 10 mois, le Front populaire de libération de la Palestine est en effet un des premiers mouvements palestiniens, créé en 1967 par Georges Habache, lui-même à l’origine du Mouvement nationaliste arabe. «Il est lié à une forme de nationalisme arabe radical, et a donc hérité d’un logiciel révolutionnaire et marxiste des années 1970», précise David Rigoulet-Roze est chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
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L’organisation rejoint rapidement l’OLP de Yasser Arafat, présente une ligne radicale en comparaison avec le Fatah, et milite pour la solution d’un seul État comprenant Juifs et Arabes. «Le FPLP n’a jamais reconnu les accords d’Oslo» conclus entre l’OLP et l’État hébreu pour enclencher un processus de paix, précise David Rigoulet-Roze.
Responsable de plusieurs attentats et détournements d’avions depuis sa création, le Front populaire de libération de la Palestine est aujourd’hui considéré comme terroriste par les États-Unis et par l’Union européenne. Le plus célèbre de ces malheureux épisodes est celui de 1976 lors duquel un vol Tel Aviv-Paris d’Air France est détourné par des membres du FPLP et des Cellules révolutionnaires, proches de la «bande à Baader». Près de 240 personnes sont alors retenues en otage en Ouganda. Les forces armées israéliennes conduisent un raid pour les libérer lors duquel le frère de Benjamin Netanyahou, Yonatan Netanyahou commandant dans les forces spéciales, trouve la mort. En parallèle en Europe, plusieurs groupes terroristes d’extrême gauche responsables de plusieurs attentats en Allemagne ne cachent pas leur soutien au FPLP au nom de la lutte anti-impérialiste.
Puis, à partir des années 2000, les attentats se multiplient en Israël, notamment de la part de la branche armée, les Brigades des aigles rouges ou brigades d’Abou Ali Moustapha, responsable de plusieurs attaques-suicide dans plusieurs villes du pays. «Depuis l’effondrement de l’URSS, ils ont cherché d’autres soutiens, en Syrie d’abord, puis en Iran», explique aussi le chercheur. En 2006, quand le Hamas parvient au pouvoir dans les territoires palestiniens, le FPLP obtient trois sièges au Parlement et reste dès lors très minoritaire. «Ils ont petit à petit rejoint les mouvances islamistes et ont sans doute participé avec le Hamas à l’attaque du 7 octobre, mais cela ne peut être que de façon marginale».
Le chercheur souligne par ailleurs que le secrétaire général du mouvement, Ahmad Saadat, est toujours emprisonné dans les geôles israéliennes, condamné en 2008 à 30 ans de prison. Et il n’a pas bénéficié de l’échange historique de 1000 prisonniers palestiniens contre le soldat israélien Gilad Shalit. Si le FPLP détient bien le petit Kfir, compte-t-il l’utiliser pour réclamer la libération de Ahmad Saadat ?
Bien que minoritaire, les partisans du FPLP attendent en tout cas beaucoup de ces libérations. «Nous sommes le peuple de Mohammed Deif !», l’insaisissable chef de la branche armée du Hamas, a crié la foule à Ramallah pour accueillir mardi les otages palestiniens. De nombreux partisans du Hamas étaient présents mais on pouvait aussi voir des drapeaux rouge du FPLP lors de ce rassemblement. Le mouvement marxiste se mélange aujourd’hui aux mouvements islamistes palestiniens au nom de la lutte contre l’État d’Israël.