Était-ce du second degré, une boutade inappropriée, ou une grossière flatterie ? Le président algérien s’est laissé aller à un compliment assez étonnant envers son homologue russe à l’occasion d’un déplacement en Russie. «Poutine est un ami de l’humanité», a déclaré Abdelmadjid Tebboune devant le chef du Kremlin lors du forum économique de Saint Petersbourg vendredi dernier.
Ce dernier a réagi en affichant un sourire, visiblement mal à l’aise, alors qu’une majorité des pays du monde ont condamné la guerre qu’il mène en Ukraine. Le président russe est présumé responsable par la Cour pénale internationale de «crimes de guerre», pour le transfert illégal et massif d’enfants depuis les territoires occupés vers la Russie.
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De passage en Russie, le président algérien entend renforcer son partenariat avec le Kremlin, et a formulé une demande bien spécifique auprès de Moscou. «Je dis au nom de mon pays que nous aimerions rejoindre l’organisation BRICS dans un proche avenir», a-t-il notamment fait savoir lors de son allocation à Saint-Pétersbourg devant le président russe. Le groupe a été créé en 2006 avec le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Il a été rejoint en 2011 par l’Afrique du Sud.
Le président algérien a-t-il donc tenté de courtiser maladroitement Vladimir Poutine ou a-t-il volontairement plaisanté ? Abdelmadjid Tebboune a en tout cas affirmé, après un entretien avec son homologue russe à Moscou la veille, que le contact avait été «franc et amical, ce qui témoigne du haut niveau dans les relations» russo-algériennes, selon la traduction officielle publiée dans la presse russe.
Le chef d’État algérien a aussi ajouté avoir discuté avec Vladimir Poutine de plusieurs questions internationales, notamment de la situation dans le territoire disputé du Sahara occidental, de la Libye et du conflit israélo-palestinien. Alger et Moscou entretiennent des relations privilégiées depuis que l’Union soviétique a appuyé les indépendantistes algériens lors de la guerre contre l’ancienne puissance coloniale française (1954-1962).
Aujourd’hui, les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Russie avoisinent les trois milliards de dollars et Moscou est un important fournisseur d’armements du plus grand pays d’Afrique par sa superficie. Depuis le début du conflit en Ukraine, la Russie, désormais isolée en Occident, s’efforce de renforcer ses relations en Asie, en Amérique latine et en Afrique.