L’université de Cambridge, lieu d’une nouvelle polémique sur fond de «cancel culture». L’Union Étudiante du prestigieux établissement britannique a décidé d’annuler les représentations à Cambridge le 26 et 27 octobre d’un opéra contant l’histoire du premier roi d’Israël, Saul, et de son successeur David.

Pour l’association étudiante, cette annulation est justifiée par le contexte actuel de la guerre entre Israël et le Hamas, et la crise humanitaire à Gaza, rapporte le Daily Mail Online le 25 octobre.

Dans le viseur de cette association : une partie de cette œuvre lyrique composée par Georg Friedrich Haendel en 1739, qui relate le meurtre de Goliath par David. Goliath était un Philistin, un peuple qui vivait dans l’actuelle bande de Gaza il y a 3000 ans et qui a inspiré le nom de «Palestine». Une décision d’annulation qui a provoqué un tollé général. «L’annulation d’une œuvre du XVIIIe siècle fondée sur la Bible semble être un exemple plutôt extrême de cancel culture , et c’est un euphémisme», a déploré Robert Tombs, professeur émérite d’histoire française à Cambridge, fustigeant le caractère «absurde» de cette mesure.

Pour le metteur en scène Max Mason, la production «n’était pas en mesure d’affronter pleinement les questions qui ont une synchronicité frappante avec le conflit actuel au Moyen-Orient.» Aucune des déclarations de l’Union Étudiante ne mentionne le Hamas, cette organisation terroriste interdite qui a lancé une attaque meurtrière contre Israël le 7 octobre.

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Pour justifier une telle décision, un communiqué avait également été publié le 23 octobre par l’Union Étudiante, qui attribuait la guerre entre Israël et le Hamas à «des décennies d’oppression violente du peuple palestinien par l’État israélien». L’association disait «se résoudre» à «condamner le soutien du gouvernement britannique à l’État d’Israël et les déformations des médias grand public britanniques dans leur couverture de ce conflit». L’Union Étudiante avait même insisté : «Seul un soulèvement de masse» dans l’ensemble du Moyen-Orient «peut libérer le peuple palestinien.» A la question d’une étudiante concernant la définition d’un «soulèvement de masse», l’étudiante qui avait écrit la motion avait répondu de façon sibylline : «pensez à la première Intifada », rapporte encore le quotidien britannique, en référence directe au soulèvement des Palestiniens entre 1987 et 1993, violemment réprimés par l’armée israélienne.

Cette décision intervient dans un contexte déjà tendu au sein de l’université sur la question du conflit Israël-Hamas. Quelques jours plus tôt, un débat organisé par l’association des étudiants de Cambridge appelant à la solidarité avec la Palestine avait été interrompu par le président du débat, Benjamin Knight. Ce dernier craignait que ce débat ne risque d’«inciter à la violence».

Le communiqué annonçant l’annulation de l’opéra, vivement condamné par l’Union des étudiants juifs de Cambridge qui a demandé des «excuses publiques», a conduit le président de l’Union Étudiante, Fergus Kirman, à modifier cette déclaration le 24 octobre.