Ils étaient environ 300.000 personnes à marcher calmement samedi à Londres pour réclamer un cessez-le-feu à Gaza, une manifestation entachée, selon le Premier ministre britannique Rishi Sunak, par la présence de sympathisants du Hamas mais aussi celle de contre-manifestants nationalistes.
La police, qui a cité le chiffre d’environ 300.000 personnes, a estimé qu’il s’agissait de «la plus importante marche» organisée depuis le 7 octobre dans la ville.
Arborant dans le calme des drapeaux palestiniens et brandissant des pancartes demandant de «stopper les bombardements de Gaza», les manifestants ont crié «Free Palestine» et «cessez-le-feu maintenant», cinq semaines après l’attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, qui en riposte bombarde massivement la bande de Gaza.
Un important dispositif de sécurité avait été déployé dans la capitale britannique pour éviter d’éventuels débordements, après l’arrestation de près de 200 personnes lors de précédentes marches «pour la Palestine» organisées depuis le 7 octobre, et face à la mobilisation de contre-manifestants nationalistes, notamment issus de l’English Defence League (EDL).
«Je condamne les scènes violentes et totalement inacceptables auxquelles nous avons assisté aujourd’hui de la part de l’EDL et des groupes associés, ainsi que des sympathisants du Hamas participant à la» Marche nationale pour la Palestine, a réagi en soirée M. Sunak.
La marche s’est tenue contre l’avis du gouvernement, qui l’avait jugée «irrespectueuse» en ce week-end de commémorations de l’armistice de la Première Guerre mondiale.
«Je suis ici en solidarité avec les Palestiniens face à l’injustice qui se passe. C’est intolérable», explique à l’AFP Gavin Searle, réalisateur de 58 ans, venu de Hastings (sud de l’Angleterre).
«On ne peut pas rester sans rien faire quand des personnes sont tuées», affirme Shiraz Bobra, 41 ans, venue de Leicester (centre). Elle espère que la mobilisation incitera les responsables politiques «à s’asseoir autour de la table et organiser» un cessez-le-feu.
John McGowan, un prêtre catholique, qui indique avoir vécu cinq ans à Jérusalem et défendre une solution à deux Etats, dit «souffrir pour les Palestiniens parce que leur terre est occupée et que leurs occupants peuvent être cruels».
Près de 2.000 policiers étaient mobilisés, notamment pour tenter d’éviter des confrontations avec les militants nationalistes, venus par «centaines», selon la police, parmi lesquels Tommy Robinson, fondateur du groupe d’extrême droite EDL.
Des échauffourées ont eu lieu dès la fin de matinée entre la police et certains de ces militants, qui tentaient d’approcher le quartier de Whitehall site du mémorial en hommage aux soldats britanniques morts au combat.
En début d’après-midi, la police a indiqué en avoir arrêté 82 alors qu’ils «tentaient de rejoindre la marche» pro-palestinienne.
Quelque 150 participants à ce cortège ont aussi été arrêtés pour s’être dissimulé le visage ou avoir déclenché des feux d’artifice. La police a annoncé rechercher «activement» deux manifestants masqués coiffés de bandeaux aux couleurs du Hamas.
Le gouvernement avait mis, en vain, la pression sur la police pour interdire la marche. Rishi Sunak avait prévenu qu’il tiendrait le chef de la police, Mark Rowley, «responsable» d’éventuels débordements.
La ministre de l’Intérieur Suella Braverman, qui a qualifié les manifestations pro-palestiniennes de «marches de la haine», avait pour sa part remis en cause l’impartialité de la police dans sa gestion des manifestations.
Vendredi soir, elle est revenu sur ses propos en affirmant qu’elle «soutenait totalement» la police, mais plusieurs responsables politiques l’ont accusée de mettre de l’huile sur le feu avant la tenue du cortège.
Plusieurs élus de l’opposition ont encore demandé samedi son départ du gouvernement, comme le Premier ministre écossais Humza Yousaf.
«L’extrême droite a été encouragée par la ministre de l’Intérieur (…) Ils attaquent maintenant la police le jour de l’armistice», a-t-il écrit sur X, appelant à la démission de Mme Braverman.
Depuis le début du conflit, le Royaume-Uni connaît un essor d’actes antisémites et islamophobes.