Londres

Après avoir envoyé moult missiles antichars et autres armes depuis leur île, les Britanniques envisageraient désormais de fabriquer des armements directement sur le sol ukrainien. Un mouvement qui s’inscrirait dans le soutien de long terme à Kiev auquel Londres s’est engagé, comme l’a dit le premier ministre Rishi Sunak à Volodymyr Zelensky lors de sa visite à Downing Street la semaine dernière.

Selon le Telegraph, de hauts responsables de l’industrie de la défense britannique discuteraient d’ores et déjà avec le gouvernement de Kiev de la possibilité de fabriquer sur place des armements et des véhicules militaires. Des émissaires britanniques se seraient déjà rendus sur place pour étudier la création de coentreprises qui fabriqueraient ces matériels sous licence.

D’après le journal, d’autres entreprises européennes d’armement en discuteraient aussi avec l’Ukraine. Et les Britanniques ne voudraient pas laisser le champ libre à leurs rivaux français et allemands. Une course serait engagée pour mettre le Royaume-Uni «en tête de file», a déclaré un acteur du secteur au Telegraph. Downing Street et le ministère de la Défense n’ont pas voulu commenter, affirmant que cette question relevait de l’industrie. On voit mal pourtant comment une telle coopération, si elle devait se développer, pourrait intervenir sans un feu vert politique.

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Ces informations surviennent alors que Rishi Sunak a promis d’intensifier son soutien à Kiev. Londres va notamment former des pilotes de chasse «aux normes de l’Otan». Et le premier ministre a entrouvert la porte aux fournitures d’avions de chasse, grande demande désormais de Zelensky. Sunak a demandé à l’armée britannique d’étudier de possibles livraisons d’avions, soulignant que cette solution n’était envisageable qu’à «long terme».

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Lors d’un séminaire organisé à Londres par le RUSI (Royal United Services Institute) un cadre d’Ukroboronprom – un conglomérat d’armements appartenant à l’État -, a déclaré que l’entreprise souhaitait conclure des accords avec des sociétés occidentales. Ces coentreprises sur le sol ukrainien permettraient de réduire la dépendance de Kiev à l’égard des livraisons et financements occidentaux. Sur la durée, la forte demande de l’Ukraine en armes et munitions fait craindre aux armées occidentales un assèchement de leurs propres arsenaux. L’adaptation des usines ukrainiennes aux standards occidentaux nécessiterait de gros efforts mais le pays a une tradition d’industrie de défense. Durant la période soviétique, la ville de Dnipro était ainsi un centre d’excellence en matière d’ingénierie spatiale et de conception de missiles balistiques intercontinentaux.

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Des experts font toutefois remarquer que de telles usines d’armements seraient vues par la Russie comme une provocation et deviendraient des cibles de choix de Moscou.

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