Le ministère des Affaires étrangères a procédé à des signalements visant l’avocat Juan Branco, accusé d’avoir divulgué des informations concernant des agents français au Sénégal, a fait savoir jeudi le Quai d’Orsay au Figaro, confirmant une information d’Europe 1 . Après les «accusations graves et infondées portées par M. Branco, et de ses récentes publications divulguant des informations de nature professionnelle visant des agents français en poste au Sénégal», le ministère des Affaires étrangères a fait savoir qu’il prendrait ainsi «toutes les mesures nécessaires pour assurer [la] protection et le respect de [l’]intégrité» des agents concernés.

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Juan Branco, avocat de l’opposant politique sénégalais Ousmane Sonko, a annoncé le 22 juin dernier avoir déposé une plainte en France et une demande d’enquête soumise à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye contre le président sénégalais Macky Sall pour «crimes contre l’humanité». La condamnation le 1er juin de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs a déclenché les pires troubles qu’ait connus le Sénégal depuis des années. Les heurts ont causé au moins 16 morts selon les autorités, 23 selon l’ONG Amnesty International et 30 selon l’opposition.

Les procédures engagées par son avocat Juan Branco pour «crimes contre l’humanité», visent également le ministre de l’Intérieur sénégalais Antoine Diome, le général Moussa Fall, commandant de la gendarmerie sénégalaise, «ainsi que 112 autres individus», donc deux fonctionnaires français qu’il a mentionné spécifiquement. Dans un document publié sur Internet et adressé à la Cour pénale internationale, l’avocat cite aussi sept Français, dont les deux fonctionnaires et dévoile pour l’un d’entre eux le matricule, les adresses mails et le numéro de téléphone.

«Partout où l’intégrité des agents est menacée ou attaquée à l’occasion ou en raison de leur fonction, le ministère des affaires étrangères leur accorde la protection fonctionnelle», fait aussi savoir le ministère français des Affaires étrangères.

«Nous ne céderons à aucune intimidation», a réagi Juan Branco sur Twitter. «Les faits que nous avons révélés ont montré l’implication d’agents français dans l’organisation et l’exécution de la répression mise en œuvre par le régime de Macky Sall contre des manifestants démocratiques, ayant fait 60 morts, ainsi que des milliers de détenus et blessés», a-t-il de nouveau affirmé, ne mentionnant pas le nom des agents.