La Royal Navy enchaîne décidément les déconvenues. Un test de missile nucléaire Trident II non armé a échoué au large de la Floride, a rapporté mardi soir le quotidien britannique The Sun . Le ministère de la Défense britannique a confirmé un «dysfonctionnement» lors d’un exercice au large de la Floride le 30 janvier dernier, assurant que la dissuasion nucléaire restait cependant «performante».
Le missile de 58 tonnes aurait été propulsé depuis le sous-marin HMS Vanguard, unité de tête de sa classe, avec succès par un système de gaz comprimé. Mais une fois en vol, les propulseurs de son premier étage ne se seraient pas mis en route, provoquant la chute du missile qui s’est écrasé dans l’océan, à côté du sous-marin. «Il a quitté le sous-marin et il est tombé juste à côté», déclare une source citée par The Sun. Aucun autre détail n’a aujourd’hui été rendu public pour des raisons de «sécurité nationale».
«Pour des raisons de sécurité nationale, nous ne pouvons pas fournir davantage d’informations à ce sujet, mais nous sommes convaincus que l’anomalie était spécifique à un événement et qu’elle n’a donc aucune implication sur la fiabilité des systèmes de missiles Trident et de leur stock plus largement», a déclaré le ministère auprès du journal britannique dans un communiqué. «La dissuasion nucléaire du Royaume-Uni reste sûre, sécurisée et efficace».
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Le SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d’engins) qui évoluait sous la surface n’a toutefois pas été touché. Une enquête a été lancée pour comprendre l’origine de cet échec, et surtout pour récupérer dans les fonds marins les débris du missile dont la technologie est précieusement protégée.
Le missile Trident devait parcourir près de 6000 kilomètres depuis les côtes de Floride jusqu’au milieu de l’Atlantique. Ce «SLBM» («submarine-launched ballistic missile» en anglais) dispose d’une portée d’environ 12.000 kilomètres et peut emporter plusieurs têtes nucléaires Holbrook de 100 kilotonnes chacune (en équivalent TNT, contre 15 kt pour la bombe d’Hiroshima). Il peut atteindre 21.000 km/h et est conçu pour sortir de l’atmosphère. Les missiles de ce type sont entrés en service dans la marine américaine au début des années 1990 avant que la Royal Navy ne les adopte.
Le fabriquant Lockheed Martin les présente comme «les missiles balistiques les plus avancés au monde» et rappelle que les Trident II ont été testés avec succès plus de 191 fois, avec un dernier essai en septembre par un sous-marin américain dans le Pacifique. La Royal Navy, de son côté, limite les tests. Chaque missile coûte près de 20 millions d’euros.
La Royal Navy a donc malgré tout raté un deuxième test, sept ans après l’échec en 2016 du tir d’un missile Trident II depuis le HMS Vengeance. Les propulseurs s’étaient allumés, mais le missile avait dévié de sa trajectoire, se dirigeant vers les États-Unis et entraînant donc sa destruction automatique.
La presse britannique avait aussi révélé à la fin de l’année dernière un dysfonctionnement «préoccupant» lors de la plongée d’un de ses sous-marins nucléaires. L’incident, au sujet duquel peu d’informations ont filtré, aurait été causé par la jauge de profondeur principale qui serait tombée en panne alors que le sous-marin plongeait.
En janvier 2023, les médias s’étaient également fait l’écho de la découverte d’un «défaut» sur le Vanguard, alors qu’il était en cours de maintenance. Le défaut, issu de «travaux effectués dans le passé», avait été «rapidement signalé et corrigé», avait alors déclaré le ministère de la Défense.