Instaurée en 1977 par l’ONU, cette journée de lutte s’incarne dans différents pays où les droits des femmes sont loin d’être équivalents. Tour du monde d’une lutte à hauts risques dans certaines régions de la planète.

Une vingtaine de femmes ont bravé l’interdit et se sont réunies à Kaboul pour célébrer cette journée internationale des droits des femmes. Et ce, malgré les violentes répressions du régime à leur égard.

Ce mercredi 8 mars, l’ONU a d’ailleurs décrit l’Afghanistan comme le pays «le plus répressif » au monde en matière de droit des femmes. Depuis le retour des talibans au pouvoir, les femmes ont progressivement perdu l’ensemble de leurs droits : celui de voyager sans être accompagnée d’un parent masculin, celui d’accéder aux parcs, jardins, salles de sport et bains publics ou encore celui de suivre des cours dans une université.

À Berlin, des centaines de personnes se sont réunies devant le Bundestag allemand. Elles ont rendu hommage aux Iraniens qui luttent contre le régime des mollahs depuis la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre dernier. La jeune Kurde avait été arrêtée par la police à Téhéran. On lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant aux femmes le port du voile.

Sa mort a déclenché une vague historique de manifestations à travers tout le pays, qui ont donné lieu à de vivres répressions. Dernièrement, l’Iran a d’ailleurs fait face à une série d’intoxications qui ont touché des milliers d’écolières.

À Londres, des dizaines de femmes ont également profité de cette journée pour rendre hommage aux femmes iraniennes. Pour ce faire, elles ont marché en silence en portant le portrait de victimes du régime iranien. Elles étaient également vêtues de capes rouges, affichant ainsi clairement leur référence à la célèbre série The Handmaid’s Tale (La servante écarlate en français). Cette fiction évoque un monde dominé par les hommes, où les femmes sont opprimées et réglementées dans tous les aspects de leur vie.

Diverses associations féministes, telles que «NousToutes» ou «Femmes égalité», ont sillonné les rues des grandes villes de France (Paris, Rennes, Lille, Toulouse) en dénonçant un «patriarcat» puissant.

Cette journée intervient au cœur de la contestation contre la réforme des retraites. «Grève féministe», «on ne naît pas femme mais on en meurt», pouvait-on lire sur des pancartes alors que plusieurs personnalités politiques dénonçaient une réforme inégalitaire.

Des femmes et des hommes ont défilé dans le bidonville de Kibera, à Nairobi au Kenya, au son des trompettes. La marche sur la route sableuse a aussi agrégé des enfants.

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Des milliers de femmes ont participé à des rassemblements dans tout le Pakistan le 8 mars, malgré les efforts déployés par les autorités pour bloquer les marches qui semaient la discorde.

Les marches, appelées «Aurat», sont vivement critiquées depuis leur première version, en 2018. Ses organisateurs ont notamment été accusés par les conservateurs de promouvoir des valeurs libérales occidentales. Lors des précédentes éditions, des islamistes avaient lancé des pierres sur les manifestantes à Islamabad.

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Journalistes et personnalités ont filmé des scènes de répression en affirmant que le «fascisme au Pakistan continue». «La police a pour ordre de donner une leçon à quiconque se présente», peut-on lire dans un tweet qui évoque des violences à Lahore, ville dans laquelle les manifestations avaient été interdites. Elles étaient environ 2000 femmes à affronter la police dans une ville de plus de 11 millions d’habitants.

Des centaines de manifestants anti-gouvernementaux se sont réunis à Colombo, au Sri Lanka, ce 8 mars 2023. Cette journée intervient au moment où le pays est frappé de plein fouet par une crise économique. Les manifestants ont profité de cette occasion pour rappeler leur colère contre de récentes propositions de réformes fiscales et contre la crise économique. Cette dernière est la plus importante depuis l’indépendance du pays au milieu du 20e siècle.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tenu à rendre hommage ce mercredi aux femmes «qui ont sacrifié leur vie» depuis le début de l’invasion russe il y a un an. «Je pense qu’il est important de dire merci aujourd’hui. De remercier toutes les femmes qui travaillent, enseignent, étudient, secourent, soignent, se battent pour l’Ukraine», a-t-il déclaré dans une vidéo.

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Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et le président ukrainien ont d’ailleurs assisté à une remise de prix particulière, à Kiev. À l’occasion de cette journée internationale, des prix ont été décernés à des femmes militaires ukrainiennes.