La France va rapatrier ses soldats tombés à Dien Bien Phu, emblématique bataille de la guerre d’Indochine, le 10 mai 1954. «Les dépouilles retrouvées à Dien Bien Phu ou ailleurs au Vietnam retrouveront leurs frères d’armes qui sont déjà au mémorial», a assuré Patricia Mirallès, secrétaire d’État française chargée des Anciens combattants et de la Mémoire. À la veille du 70ème anniversaire de cette célèbre bataille qui vit la France perdre près de 4000 de ses soldats, les dépouilles de militaires français qui reposent encore sur les lieux sont menacées par le chantier d’agrandissement de l’aéroport de Diên Biên Phu.
Selon l’association du Souvenir français, citée dans un article du Monde , il resterait entre cent et deux cents dépouilles enfouies dans le périmètre immédiat des travaux. Or, «la France a une obligation de sépulture perpétuelle pour tous ceux qui sont morts pour elle (…), sauf quand les familles souhaitent récupérer les corps», a ajouté la secrétaire d’Etat. «Les dépouilles retrouvées à Dien Bien Phu ou ailleurs au Vietnam retrouveront leurs frères d’armes qui sont déjà au mémorial», a assuré Patricia Mirallès, qui se rendra sur ce site le 8 juin pour la journée nationale d’hommage à ces morts pour la France.
«Le silence est retombé sur la cuvette du pays thaï». Le 10 mai 1954, Le Figaro rapportait dans ses colonnes le sort malheureux des soldats français qui ont lutté près de deux mois, à un contre quatre, encerclés par plus de 80.000 soldats du Vietminh. Héroïquement, les militaires français résistèrent jusqu’au bout pour entrer dans la légende, et «rejoindre dans l’histoire leurs aînés de Camerone, de Verdun, de Bir-Hakeim, d’Italie et d’Allemagne».
Comme le rapporte aussi le Monde, une phase exploratoire a permis d’exhumer l’année passée deux corps identifiés par les experts comme étant ceux de deux gradés appartenant au bataillon du commandant Nicolas. Et il resterait entre 1200 et 1300 soldats enterrés dans des fosses communes ou ensevelis tels quels sur le site de la bataille.
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Le sujet doit d’ailleurs faire l’objet d’une question écrite au gouvernement du député RN Franck Giletti. «Ce chantier va créer une piste d’atterrissage sur le site des combats où nos soldats sont tombés, a déclaré le député la semaine dernière dans le magazine Valeurs Actuelles . Ce qui m’intéresse, c’est de faire en sorte que les dépouilles de ces soldats français soient ramenées».
«On ne peut pas envoyer des gens se battre et mourir pour la France sans que leurs dépouilles aient, en retour, le respect de la nation, estime de son côté le président du Souvenir Français Serge Barcellini dans Le Monde. Ce serait les faire mourir deux fois». L’association plaide plus généralement pour une mission d’envergure pour mener une campagne de fouille commune avec le Vietnam.