Policiers caillassés, véhicules incendiés, magasins pillés… Dublin a sombré dans le chaos ce jeudi 23 novembre en fin de journée, théâtre de violentes émeutes en réaction à une attaque survenue plus tôt dans l’après-midi. Le responsable de la police de la capitale irlandaise a évoqué des événements jamais vus depuis «des décennies» et annoncé plusieurs arrestations. Le point sur ce que l’on sait de la situation en Irlande.

Avant les émeutes, il y a une attaque au couteau survenue vers 13h30 ce jeudi, à Parnell Square, en plein cœur de la capitale. Un homme a poignardé une femme et trois enfants, près d’une école. La femme, une enseignante âgée d’une trentaine d’années, ainsi qu’une fillette de cinq ans ont été grièvement blessées, selon un responsable de la police, Drew Harris. Une petite fille de six ans et un petit garçon de cinq ans ont également été blessés. Un cinquième blessé, un homme, serait l’assaillant, selon la police.

Ce sont des passants qui ont permis de maîtriser l’assaillant, selon les médias irlandais. The Journal a notamment recueilli le témoignage de Caio Benicio, un livreur Deliveroo brésilien qui est descendu de sa moto et a attaqué l’assaillant avec son casque. «Il est tombé au sol […] et d’autres personnes sont arrivées», raconte-t-il, disant ne pas avoir hésité une seconde à intervenir. «C’était instinctif.»

Le suspect est un homme d’une cinquantaine d’années, selon la police, qui n’a pas donné plus d’indication sur son profil. Il a été interpellé et hospitalisé après l’attaque. Si les faits «ne sont pas encore clairs» ce vendredi matin, les enquêteurs ont bien précisé ne chercher «personne d’autre» et écarter tout motif terroriste, au vu des premiers éléments de l’enquête. Il s’agit d’une «attaque isolée dont nous devons déterminer les raisons», a insisté Liam Geraghty, responsable de la police locale.

Des «rumeurs» et «insinuations» quant à l’origine algérienne supposée de l’assaillant ont toutefois été répandues sur les réseaux sociaux à la suite de l’attaque, déplore le chef de la police, alors que les enquêteurs n’ont rien précisé du profil du suspect. En fin de journée, des centaines de personnes sont ainsi descendues dans les rues de Dublin et se sont livrées à de violentes émeutes.

Des pancartes «Irish Lives Matter» («les vies irlandaises comptent») ont été brandies, ainsi que des drapeaux irlandais. «Des Irlandais sont attaqués par ces ordures», lançait notamment un émeutier, selon un reporter de l’AFP. Des véhicules ont été incendiés, dont onze voitures de police et un bus, ainsi qu’un tramway. Des magasins ont été pillés. Des policiers ont été visés par des projectiles, et l’un d’eux est «grièvement blessé», déplore ce vendredi matin le chef de la police.

Il a fallu plusieurs heures aux forces de l’ordre pour ramener le calme dans les rues de la capitale irlandaise. Le calme est revenu en fin de soirée.

Un responsable de la police de Dublin, Drew Harris, a attribué les émeutes à une «faction de hooligans dingues mus par une idéologie d’extrême droite» et invité la population à ne pas céder à la désinformation. La ministre de la Justice, Helen McEntee, a déploré «qu’un petit nombre utilise des faits épouvantables pour semer la division», appelant au «calme».

Trente-quatre personnes ont été interpellées après les émeutes, indique la police vendredi matin, dont 32 vont être jugées en comparution immédiate dans la matinée.

Les émeutiers «font honte à l’Irlande», a regretté ce vendredi le premier ministre Leo Varadkar. Il a estimé que «ces gens [qui] affirment défendre les ressortissants irlandais […] mettent en danger [les] plus innocents et vulnérables». Il a également promis de modifier la loi «dans les prochaines semaines» pour permettre à la police de mieux exploiter les images de caméras de surveillance et «moderniser» les lois du pays «contre l’incitation à la haine», «pas adaptées à l’ère des réseaux sociaux».