«Yair profite de sa vie à Miami, pendant que je suis sur le front». Yair Netanyahou, le fils du premier ministre israélien, a déclenché l’ire de nombreux réservistes engagés dans l’armée israélienne, rapporte le Times dans un article du 23 octobre dernier.
Le jeune homme de 32 ans vit aux États-Unis, en Floride, alors que son pays est actuellement en guerre contre l’organisation islamiste palestinienne du Hamas depuis l’attaque du 7 octobre qui a fait 1400 victimes israéliennes. Dans les heures qui ont suivi ces frappes, le pays a en effet rappelé 360.000 réservistes, dont 300.000 en l’espace de deux jours. Cette mobilisation est colossale, dans un pays qui compte environ 9,7 millions d’habitants.
À 32 ans, le fils aîné du chef du gouvernement israélien est donc dans la fourchette d’âge pour être mobilisé, alors que le service de réserve mobilise les Israéliens jusqu’à 40 ans. Pour de nombreux réservistes, Yair Netanyahou brille par son absence dans les rangs de l’armée. «C’est nous qui quittons notre travail, nos familles, nos enfants, pour protéger nos familles restées au pays et le pays, et non les personnes qui sont responsables de cette situation», a poursuivi le soldat interrogé par le quotidien britannique. «Nos frères, nos pères, nos fils, vont tous au front, mais Yair n’est toujours pas là. Cela ne contribue pas à renforcer la confiance dans les dirigeants du pays», a-t-il déploré. Le chef d’État israélien traverse l’une des plus graves crises politiques de sa carrière, alors que sa stratégie vis-à-vis des territoires palestiniens est mise en échec par le conflit actuel.
Ces critiques à l’encontre du fils Netanyahou illustrent bien les tensions actuelles entre le dirigeant et Tsahal. L’état-major militaire attribue notamment la responsabilité du retard de l’offensive terrestre au premier ministre, le jugeant incompétent. Les militaires et le chef du gouvernement pourraient probablement se renvoyer la balle au moment des explications qu’ils ne devront pas manquer de livrer sur la faillite du renseignement israélien, qui a mené aux massacres du Hamas, le 7 octobre dernier.
Yair avait effectué son service militaire obligatoire au sein de l’unité de communication publique des forces de défense israéliennes. Le fils aîné du dirigeant s’était ensuite installé aux États-Unis à la suite d’une polémique sur Facebook. Le jeune homme, déjà connu pour ses opinions d’extrême droite et ses propos virulents sur les réseaux sociaux, avait alors provoqué un tollé général en qualifiant de «terroristes» les milliers de manifestants qui s’opposaient à la très controversée réforme judiciaire portée par son père. Il avait notamment accusé les États-Unis de financer ces mouvements de protestation.
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Sur sa page Instagram, l’Israélien affiche aujourd’hui son soutien aux ONG qui soutiennent les victimes de la guerre, partageant sa peine au sujet des victimes et des milliers d’Israéliens déplacés depuis le début du conflit. Un engagement jugé néanmoins insuffisant pour les réservistes israéliens. «J’ai pris l’avion pour revenir des États-Unis où j’ai un travail, une vie, ma famille», a déclaré un autre soldat au Times qui se prépare à être déployé sur le front sud d’Israël.«Il est hors de question que je reste là-bas et que j’abandonne mon pays, mon peuple, en ce moment critique. Où est le fils du premier ministre ? Pourquoi n’est-il pas en Israël ?», a fustigé le soldat. «C’est le moment le plus rassembleur de notre histoire récente en tant qu’Israéliens et chacun d’entre nous devrait être ici en ce moment, y compris le fils du premier ministre».