Depuis les massacres perpétrés par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre dernier en Israël depuis la bande de Gaza, l’armée israélienne a instauré un véritable blocus militaire de ce petit territoire de 41 kilomètres de long et de six à douze kilomètres de large. Quelque 350.000 réservistes ainsi que des chars, des blindés et de l’artillerie sont positionnés autour de l’enclave palestinienne, prêts à l’investir militairement pour y «éradiquer» le Hamas.

L’assaut de Tsahal se fait pourtant attendre. L’opération, d’une grande complexité, nécessite du temps de préparation. Et les risques d’escalade régionale du conflit doivent être anticipés par le gouvernement israélien s’il doit faire face à l’ouverture d’un front par le Hezbollah à sa frontière nord avec le Liban. Intervient enfin la question cruciale des otages, qui sont pour certains de nationalités étrangères.

L’armée israélienne se tient en tous les cas sur le qui-vive, comme le montrent des images satellites que Le Figaro a pu consulter. Au nord de la bande de Gaza, à environ cinq kilomètres du passage d’Erez et au sud de la ville d’Ashkelon, des rangées de véhicules blindés, dont les chars israéliens Merkava, ont pris place dans un champ, selon les images de l’entreprise américaine de satellites Planet Labs. Si l’on met en perspective les nombreuses annonces, depuis le 7 octobre, appelant la population gazaouie, sur les réseaux sociaux et dans des tracs, à quitter le nord de la bande de Gaza pour rejoindre la zone Sud, on peut prédire un assaut potentiel des troupes sur la partie nord.

C’est d’ailleurs dans ce territoire que la ville de Gaza se trouve, et où le Hamas détient plusieurs infrastructures, notamment de commandement. Ces «cibles militaires», bombardées intensément depuis le déclenchement de la guerre par le groupe terroriste, pourraient être donc la priorité d’assaut terrestre. Mais les experts s’accordent à dire que Tsahal cherchera sans doute à mener une opération à plusieurs dimensions, en passant aussi par la mer par exemple.

L’assaut que prépare Israël dans la bande de Gaza pourrait bien être la plus grande opération terrestre de Tsahal depuis l’invasion du Liban en 2006. L’armée israélienne dispose de 400 chars modernes Merkava, ainsi que plus de 1000 véhicules d’infanterie blindés, dont 290 Namer lourdement protégés, ce qui la rend prête pour une guerre longue. En matière de munitions, les États-Unis ont annoncé leur soutien infaillible, avec des livraisons déjà effectuées depuis le 7 octobre.

Mais le gouvernement de Nétanyahou, qui compte désormais l’ancien ministre de la Défense et opposant au premier ministre Benny Gantz, retarde au maximum le début de l’assaut. Selon plusieurs médias américains, le président des États-Unis Joe Biden aurait demandé à son homologue israélien de retarder l’opération en raison des discussions entamées autour de la libération des plus de 220 otages. Deux d’entre eux, américains, ont été relâchés par le Hamas et ont gagné l’Égypte par le passage de Rafah ce week-end. Interrogé par CNN, un haut responsable israélien a démenti cependant toute pression exercée sur ce sujet par les États-Unis.

Deux autres femmes israéliennes ont été libérées ce lundi par le Hamas, «pour des raisons humanitaires pressantes», et ce, grâce à une médiation du Qatar et de l’Égypte. «Nous faisons tout ce que nous pouvons pour libérer tous les otages, quelle que soit leur nationalité», a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, sans réagir directement à l’annonce du Hamas. Selon lui, les soldats israéliens ont mené des raids dans la bande de Gaza dans la nuit de dimanche à lundi «pour localiser et rechercher toute information disponible sur les otages».