Déclarations de Catherine Colonna et Antony Blinken, rassemblement aux funérailles de Saleh Al-Arouri à Beyrouth, le Hezbollah qui annonce que quatre de ses combattants sont morts… Le Figaro fait le point sur la situation au Proche-Orient ce jeudi 4 janvier.

Trois Israéliens portés disparus depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre sont retenus en otage dans la bande de Gaza, a annoncé jeudi l’armée israélienne. «Trois citoyens portés disparus jusque-là, ont été identifiés comme otages et leurs familles en ont été informées», a précisé le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari. Cette annonce porte à 132 le nombre de personnes toujours retenues en otage à Gaza depuis le 7 octobre, selon des chiffres des autorités israéliennes.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et son homologue française Catherine Colonna ont discuté mercredi 3 janvier de mesures visant à «éviter l’escalade au Liban et en Iran» après des attaques dans ces deux pays du Moyen-Orient, a fait savoir jeudi 4 janvier le département d’État américain. Les deux ministres ont échangé au téléphone de «l’importance de mesures visant à prévenir que le conflit à Gaza ne s’étende, dont des mesures visant à faire baisser la tension en Cisjordanie et à éviter l’escalade au Liban et en Iran», selon un communiqué du porte-parole Matthew Miller.

Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, doit décoller jeudi soir pour le Moyen-Orient, pour une nouvelle tournée régionale avec une étape prévue en Israël, au moment où les craintes d’une escalade régionale de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas augmentent. Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi Israël à «éviter toute attitude escalatoire notamment au Liban», après que le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri, a été tué dans une attaque attribuée à Israël sur la banlieue de Beyrouth. Au Proche-Orient, Blinken va plaider pour une augmentation «immédiate» de l’aide humanitaire à Gaza, selon son porte-parole.

Des centaines de personnes ont participé ce jeudi à Beyrouth aux funérailles du numéro deux du Hamas et de deux de ses compagnons tués dans une frappe attribuée à Israël, appelant à la riposte. Saleh al-Arouri et six autres responsables et cadres de cette formation ont été tués mardi soir dans cette frappe contre un bureau du Hamas dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement islamiste libanais Hezbollah.

Les cercueils de Saleh al-Arouri, Azzam al-Aqraa, un chef de la branche militaire du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, et Mohammad al-Raïs, un cadre du mouvement, étaient enveloppés dans des drapeaux palestiniens et du Hamas. Une mitraillette était posée sur chacun d’eux lors de la prière qui s’est déroulée dans une mosquée d’un quartier populaire de Beyrouth, selon un journaliste de l’AFP. Au milieu de tirs nourris, le cortège funèbre s’est ensuite dirigé vers le camp de réfugiés palestinien de Chatila où les trois hommes devaient être inhumés. Scandant «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand), les participants aux funérailles brandissaient le drapeau vert du Hamas, mais également des drapeaux palestiniens et du Djihad islamique palestinien.

Le Hezbollah pro-iranien a annoncé tôt ce jeudi la mort de quatre de ses combattants parmi lesquels un responsable local, dans le sud du Liban, ce qui porte à 129 le total de ses pertes dans les affrontements avec Israël depuis près de trois mois. Une source proche du mouvement islamiste libanais a indiqué à l’AFP que les quatre combattants avaient été tués dans la nuit de mercredi à jeudi dans la localité frontalière de Naqoura. Parmi eux figure le responsable du parti dans cette localité. Selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), l’aviation israélienne «a mené des raids sur le centre de Naqoura qui ont détruit une habitation et endommagé des maisons environnantes».

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk s’est dit jeudi «très inquiet» après les commentaires de hauts responsables israéliens appelant les Palestiniens à quitter Gaza. «Très troublé par les déclarations de hauts responsables israéliens sur les projets de transfert de civils de la bande de Gaza vers des pays tiers», a déclaré Volker Türk sur le réseau social X, rappelant que «le droit international interdit le transfert forcé de personnes protégées à l’intérieur d’un territoire occupé ou leur expulsion de ce territoire».

Le ministère de la Santé du Hamas palestinien a annoncé jeudi que les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza avaient fait 22.438 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre. Parmi ces morts figurent 125 personnes tuées au cours des dernières 24 heures, a précisé le ministère, qui a aussi fait état de 57.614 personnes blessées depuis le 7 octobre.

Quatorze Palestiniens ont été tués ce jeudi, dont neuf enfants, dans des frappes israéliennes sur Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younès, dans la bande de Gaza, a déclaré à Reuters un responsable du ministère de la Santé. Cette information n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante.

Dans la bande de Gaza, l’armée israélienne a poursuivi dans la nuit de mercredi à jeudi ses raids aériens, notamment à Khan Younès (sud) et Deir al-Balah (centre), où le ministère de la Santé du Hamas a fait état de morts.

«Le Hamas dispose toujours d’importantes capacités à Gaza», a déclaré à Washington le porte-parole du conseil de sécurité nationale, John Kirby. «Nous pensons que réduire et défaire les capacités du Hamas à mener des attaques en Israël est un objectif absolument réalisable pour les forces militaires israéliennes. Cela peut être fait, militairement. Son idéologie va-t-elle être éliminée ? Non. Et le groupe est-il susceptible d’être annihilé ? Probablement pas (…)», a-t-il ajouté.

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avait appelé lundi à un retour de colons juifs à Gaza après la guerre en cours, et à «encourager» la population palestinienne à émigrer, au lendemain d’un appel similaire de son collègue d’extrême droite, le ministre des Finances Bezalel Smotrich. Le gouvernement du premier ministre Benyamin Netanyahou est déjà accusé d’avoir largement renforcé le poids des colons en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a appelé dans un communiqué la communauté internationale à agir face à la «persistance» du gouvernement israélien à violer les lois internationales «à travers ses déclarations et ses actes». Le Qatar, qui a joué un rôle de médiateur dans la trêve entre Israël et le Hamas palestinien fin novembre, a aussi «condamné dans les termes les plus fermes» les propos des deux ministres. «La politique de punition collective et de déplacement forcé pratiquée par les autorités d’occupation contre les habitants de Gaza ne changera pas le fait que Gaza est une terre palestinienne et qu’elle restera palestinienne». Le Koweït a aussi emboîté le pas à ses voisins du Golfe, et mis en garde contre les «plans israéliens visant à déplacer les habitants de Gaza en particulier, et le peuple palestinien en général».

Les Émirats arabes unis, qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, ont également dénoncé «dans les termes les plus forts les déclarations extrémistes» des deux ministres. Le ministère émirati des Affaires étrangères «exprime son rejet catégorique de ces déclarations offensantes et de toutes les pratiques (…) qui menacent d’aggraver l’escalade et l’instabilité dans la région», a-t-il affirmé dans un communiqué.

En Israël, le chef d’état-major de l’armée Herzi Halevi a indiqué que ses troupes étaient en état d’alerte à la frontière avec le Liban (nord), théâtre quasi-quotidien d’échanges de tirs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. «Nous sommes à un niveau très élevé de préparation dans le Nord (…) Je crois que notre préparation est à son niveau maximal», a-t-il dit, en évoquant «des opportunités» pour «créer un changement significatif» dans la région.