Benjamin Nétanyahou persiste dimanche dans sa volonté de lancer d’une offensive militaire contre Rafah, à l’extrême sud de la bande de Gaz,a où le Hamas redoute «des dizaines de milliers de morts» parmi la population civile. Alors que le premier ministre israélien a promis aux civils une évacuation «sécurisée», le mouvement islamiste palestinien affirme qu’une opération d’Israël «menacerait» les négociations sur les otages. Dimanche, la branche armée du Hamas a annoncé la mort de deux otages à la suite de bombardements. Le Figaro fait le point sur la situation.

La branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, a affirmé dimanche que deux otages étaient morts et huit autres gravement blessés dans des bombardements ces quatre derniers jours.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a affirmé dimanche que toute opération des forces israéliennes sur Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, «menacerait» les négociations pour la libération les otages en échange de prisonniers palestiniens.

«Toute attaque par l’armée d’occupation (israélienne) sur la ville de Rafah menacerait les négociations» sur les otages toujours retenus dans la bande de Gaza, a dit le Hamas dans un communiqué, alors qu’il avait déjà mis en garde samedi «contre une catastrophe et un massacre qui pourraient aboutir à des dizaines de milliers de martyrs et de blessés».

Environ 250 personnes ont été enlevées en Israël le 7 octobre et emmenées à Gaza. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Selon Israël, 132 otages sont toujours détenus, dont 29 seraient morts.

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou affirme que l’armée israélienne assurera un «passage sécurisé» avant l’assaut prévu sur Rafah, lors d’un entretien accordé à une chaîne américaine qui sera diffusé dimanche.

«La victoire est à portée de main. Nous allons le faire. Nous allons prendre les derniers bataillons terroristes du Hamas et Rafah, qui est le dernier bastion, a clamé le premier ministre dans l’émission «This Week with George Stephanopoulos», sur la chaîne ABC News qui sera diffusée dimanche et dont des extraits ont été publiés samedi soir. Nous allons le faire tout en assurant un passage sécurisé à la population civile pour qu’elle puisse quitter les lieux. Nous mettons au point un dispositif détaillé pour y parvenir. Nous n’abordons pas cela avec désinvolture.»

Les combats semblaient particulièrement intenses dimanche à quelques kilomètres au nord, à Khan Younès, l’un des bastions du commandement du Hamas où l’armée israélienne traque ses combattants depuis plusieurs semaines. Des correspondants de l’AFP ont entendu des explosions régulières, des avions en survol et vu plusieurs panaches de fumée noires s’échapper de la ville et de ses environs. L’armée israélienne «continue à éliminer des terroristes et conduire des opérations ciblées dans l’ouest» de la ville, a-t-elle indiqué.

Sur leurs réseaux sociaux, les responsables du Hamas ont dénoncé dimanche la situation humanitaire dramatique dans le territoire. «Certaines familles ne reçoivent qu’un demi-repas tous les deux jours», affirme le mouvement islamiste, accusant les forces israéliennes d’«empêcher l’arrivée de l’aide» à Gaza, notamment dans le nord où les combats se poursuivent et où «la situation humanitaire a dépassé le stade de la catastrophe».

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Dans son point quotidien, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé dimanche un bilan de 28.176 personnes tuées, en majorité des femmes, enfants et adolescents, dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

Il a également fait état d’un total de 112 morts au cours des dernières 24 heures, et de 67.784 personnes blessées depuis le début de la guerre le 7 octobre.

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a appelé à exclure Israël de l’ONU, en célébrant le 45e anniversaire de la Révolution islamique. Le soutien à la cause palestinienne, couplé aux critiques contre les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, a été cette année le principal mot d’ordre des traditionnelles cérémonies de l’anniversaire de la révolution de 1979.«Nous proposons d’exclure l’entité sioniste des Nations unies», a déclaré le président en faisant allusion à Israël, un pays que ne reconnaît pas l’Iran. Il a aussi accusé l’Etat hébreux d’avoir «violé 400 déclarations, résolutions et accords» conclus au sein des «organisations internationales». «Ce qui arrive à Gaza aujourd’hui est un crime contre l’Humanité, et les soutiens de ce régime criminel sont les Etats-Unis et certains pays occidentaux.»

La guerre a ravagé l’économie palestinienne en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, a déclaré dimanche la cheffe du Fonds monétaire international (FMI), ajoutant que seule une «paix durable» améliorerait les perspectives.

«Les perspectives désastreuses de l’économie palestinienne s’aggravent à mesure que le conflit se poursuit, a précisé Kristalina Georgieva lors du sommet mondial des gouvernements à Dubaï. Seules une paix durable et une solution politique changeront fondamentalement la situation. Sur le plan économique, l’impact du conflit a été dévastateur.» L’activité économique a chuté de 80% d’octobre à décembre 2023 par rapport à la même période en 2022, selon l’institution internationale.

Des milliers de Marocains ont de nouveau défilé dimanche à Rabat en soutien au peuple palestinien, appelant à mettre un terme à la normalisation entre le Maroc et Israël et dénonçant un «génocide» dans la bande de Gaza.

«La normalisation est une trahison», «Arrêtez le massacre», pouvait-on lire sur des banderoles brandies devant le Parlement dans le centre de la capitale marocaine. Plus de 10.000 personnes ont défilé sur les principaux axes du centre-ville, dont certaines portaient un immense drapeau palestinien, selon des journalistes de l’AFP.