Les corps de deux otages israéliens récupérés à Gaza, quatre Palestiniens tués en Cisjordanie, situation humanitaire critique à Gaza… Le Figaro fait le point sur la guerre entre le Hamas et Israëlce mardi 12 décembre.

Joe Biden a affirmé mardi que contrairement à Washington, le gouvernement israélien «ne (voulait) pas d’une solution à deux États» avec les Palestiniens. «C’est le gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël», a encore dit le président américain, en appelant le premier ministre Benyamin Netanyahou à «renforcer et changer» l’exécutif israélien.

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L’armée israélienne a annoncé mardi dans un communiqué avoir récupéré les corps de deux otages dans la bande de Gaza durant une opération militaire. «Durant une opération dans Gaza, les corps des otages Eden Zakaria et (du soldat) Ziv Dado ont été découverts et ramenés en Israël», affirme ce communiqué, sans préciser dans l’immédiat quand avait eu lieu cette opération.

Le Hamas serait à «son point de rupture». C’est ce qu’affirme l’armée israélienne qui accentue, ce mardi 12 décembre, sa pression face au groupe terroriste dans la bande de Gaza. Dans la nuit de lundi à mardi, le Hamas, au pouvoir dans l’enclave palestinienne, a fait état de violents affrontements dans le centre du territoire. Dans une allocution télévisée, le ministre de la Défense de l’État hébreu Yoav Gallant a assuré que ses forces reprenaient «ses derniers bastions».

Le chef d’État-major de l’armée d’Israël a, pour sa part, déclaré que les Forces de défenses «intensifiaient» leurs opérations au sud tout en consolidant sa présence au nord. Lundi, de nombreuses frappes ciblaient les villes de Khan Younès, nouvel épicentre des combats, et de Rafah, à la frontière égyptienne, où se massent des dizaines de milliers de personnes fuyant les combats.

Quelque 18% de toutes les structures de la bande de Gaza ont été endommagées depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, a annoncé mardi l’ONU, en se basant sur des images satellites à haute résolution. «De plus, il y a eu une augmentation stupéfiante de 49% du nombre total de structures touchées depuis la dernière évaluation du 7 novembre 2023», indique le Centre satellitaire des Nations unies (UNOSAT) à partir d’une image collectée le 26 novembre 2023 avec le satellite à très haute résolution WorldView-3.

C’est «l’enfer sur terre» à Gaza, a affirmé ce mardi Philippe Lazzarini, patron de l’UNRWA, l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU, après une visite dans le territoire palestinien. «De retour à Gaza, tragédie qui s’aggrave interminablement. Les gens sont partout, vivent dans la rue, manquent de tout. Ils implorent d’être mis en sûreté et pour la fin de cet enfer sur terre. On demande l’impossible à nos collègues, dans cette situation impossible», a déclaré Lazzarini sur X (ex-Twitter).

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé mardi 12 décembre les contrôles imposés par l’armée israélienne à un convoi médical dans la bande de Gaza, qui selon lui ont coûté la vie à l’un des blessés. «Nous sommes profondément préoccupés par les contrôles prolongés et la détention des agents de santé qui mettent en danger la vie de patients déjà fragiles», a écrit sur X (ex-Twitter) Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS.

Le convoi sous la houlette de l’OMS et avec le Croissant-Rouge palestinien a été arrêté deux fois à un check-point de l’armée israélienne. Et dans Gaza-ville, un des camions transportant l’aide médicale et une ambulance ont été touchés par des tirs, raconte encore le chef de l’OMS sans préciser qui a tiré. «Certains personnels de santé ont été détenus et interrogés pendant plusieurs heures», selon le Dr. Tedros. «À la suite de ce délai, un patient est décédé en cours de route, compte tenu de la gravité de ses blessures et du retard pris pour accéder aux soins», accuse le patron de l’OMS, qui avec l’ensemble des agences de l’ONU réclame un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.

Le conflit pousse effectivement les civils à l’exode : 1,9 million de personnes ont été déplacées, soit 85% de la population, selon l’ONU. La situation dans la bande de Gaza est «apocalyptique», a averti lundi soir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, pour qui le niveau de destruction dans le territoire palestinien est «plus ou moins, voire supérieur» à celui de l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale. Selon l’ONU, plus de la moitié des habitations y ont été détruites ou endommagées.

L’Organisation des Nations unies et des organisations humanitaires ont de facto exhorté Israël à laisser entrer davantage d’aide dans la bande de Gaza. Lundi soir, l’État hébreu a annoncé la mise en place de deux points de contrôle supplémentaires pour l’inspection des camions avant leur entrée à Gaza par le terminal de Rafah. La mesure devrait «doubler», selon elle, l’entrée d’aide. Toutefois, aucun autre point de passage ne sera ouvert.

Cette annonce intervient avant une réunion spéciale, ce mardi, de l’Assemblée générale de l’ONU sur la situation humanitaire à Gaza après le véto américain, vendredi, à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un «cessez-le-feu humanitaire». «Nous ne soutenons pas toujours pas un cessez-le-feu car cela laisserait le Hamas en contrôle de Gaza, mais nous soutenons absolument des pauses humanitaires supplémentaires», a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche. La «pause humanitaire», négociée fin novembre sous l’égide du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, avait permis l’entrée de plus d’aide humanitaire et la libération de plusieurs dizaines d’otages et de prisonniers palestiniens écroués en Israël.

Quatre Palestiniens ont été tués mardi à Jénine, en Cisjordanie occupée, a indiqué le ministère palestinien de la Santé, l’armée israélienne revendiquant de son côté la «mort d’un certain nombre de terroristes». Ils ont été tués lors d’une frappe de drones sur la vieille ville, les forces israéliennes «continuant de prendre d’assaut le camp de Jénine, ce qui empêche les équipes d’ambulance d’y entrer», selon un communiqué du Croissant-Rouge palestinien.

Un photographe de l’AFP a vu mardi des véhicules militaires israéliens entrer dans le camp de réfugiés de Jénine et un drone le survoler. Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne a indiqué avoir mené une opération à Jénine qui a permis de découvrir «des engins explosifs placés pour attaquer les forces de sécurité». Elle affirme avoir saisi des armes, des munitions et d’autres explosifs. «En outre, les forces ont identifié et démantelé une fabrique d’explosifs prêts à l’emploi, localisée dans des tunnels souterrains», d’après un communiqué. «Ce matin, des drones (militaires) de Tsahal (l’armée israélienne) ont identifié une cellule terroriste lançant des engins explosifs. L’armée de l’air a tué un certain nombre de terroristes», poursuit le communiqué, ajoutant que «des dizaines» d’arrestations ont été effectuées et que les opérations se poursuivent.

En parallèle, le gouvernement américain s’est dit «préoccupé» par des informations du Washington Post selon lesquelles Israël a utilisé des munitions au phosphore blanc de fabrication américaine lors de frappes au Liban en octobre. Les bombes au phosphore sont des armes incendiaires dont l’usage est interdit contre des civils, mais pas contre des cibles militaires, selon une Convention signée en 1980 à Genève. Interrogé à ce sujet, Yoav Gallant s’est contenté d’affirmer que l’armée israélienne opère «conformément au droit international».

L’armée israélienne a annoncé lundi soir la mise en place d’un point supplémentaire d’inspection de l’aide humanitaire avant son entrée dans la bande de Gaza par Rafah, affirmant que cela permettrait de «doubler» la quantité d’assistance entrant dans le territoire palestinien. Situé en Egypte, Rafah est le seul point d’entrée vers la bande de Gaza que peuvent utiliser les organisations internationales afin d’y acheminer de l’aide.

Israël a souligné lundi qu’aucun nouvel accès ne serait ouvert, mais que les points de passage situés en Israël de Nitzana et de Kerem Shalom – fermés – seraient utilisés pour effectuer des contrôles avant de faire passer les camions par Rafah. «Cette mesure permettra de doubler la quantité d’aide humanitaire pénétrant dans la bande de Gaza», a déclaré l’armée israélienne sur le site X (ex-Twitter). L’agence humanitaire des Nations unies Ocha a indiqué dimanche qu’une centaine de camions pénétraient chaque jour dans Gaza depuis la fin d’une trêve d’une semaine le 1er décembre, alors que la moyenne quotidienne était de 500 camions avant la guerre.