Les combats s’invitent à nouveau sur le sol russe. Vendredi 2 juin, la légion pro-ukrainienne Svoboda Rossii («Liberté de la Russie») a de nouveau affirmé combattre des forces russes dans la région de Belgorod, à la frontière avec l’Ukraine. Ce groupe se présente comme des Russes faisant face à Vladimir Poutine, pour que la Russie fasse partie du «monde libre». Moscou dénonce un groupe de «terroristes».

«Nous avons des combats actifs à la périphérie du village de Novaya Tavolzhanka (dans la région de Belgorod). Malheureusement, il y a des légionnaires blessés, mais la liberté se gagne par le sang», a affirmé ce vendredi cette légion dans un communiqué rapporté par l’agence Reuters. Cette dernière précise «ne pas avoir été en mesure de vérifier la situation».

De son côté, le gouverneur russe de la région de Belgorod a affirmé que deux personnes avaient été tuées et deux autres blessées dans des bombardements ce vendredi. Il a avancé que des obus tirés par les forces ukrainiennes s’étaient écrasés sur une route près de la ville de Chebekino, située à une dizaine de kilomètres de l’Ukraine et fréquemment bombardée. Il a également indiqué que plus de 2.500 personnes de cette région avaient déjà été accueillies dans des centres d’hébergement temporaires.

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Sur la messagerie Telegram, Liberté de la Russie a accusé Moscou d’être à l’origine des bombardements. «Près de Tavolzhanka, l’ennemi a détruit une voiture Renault avec des civils, la prenant pour une voiture de notre groupe de sabotage. Au moins deux civils ont été tués, et c’est une conséquence directe du manque de professionnalisme de l’armée de Poutine», a indiqué l’organisation sur Telegram.

Les raids transfrontaliers visent à étendre les défenses russes et à forcer Moscou à détourner des troupes de l’intérieur de l’Ukraine pour renforcer la frontière, a déclaré à Reuters Alexei Baranovsky, porte-parole de l’aile politique de la Liberté de la Russie. «L’un de nos objectifs tactiques est d’attirer les troupes russes d’autres parties du front ukrainien», a-t-il déclaré lors d’une interview à Varsovie ce jeudi.

«C’est un objectif, l’autre est de montrer aux Russes qu’un pays différent est possible, qu’un groupe armé est apparu et qu’il est prêt à lutter pour la liberté. Nous voulons que les gens nous rejoignent», a-t-il ajouté. Il a précisé que l’unité faisait partie de la légion étrangère ukrainienne, qui est contrôlée par Kiev, mais que la chaîne de commandement ne s’appliquait plus aux combattants volontaires russes une fois entrés sur le territoire russe. D’après l’analyste suisse Christophe Tymowski, «des militaires russes de Belgorod» auraient même rejoint «le mouvement de libération russe pour lutter […] contre Poutine».

La région de Belgorod est visée depuis plusieurs jours par des frappes d’une intensité sans précédent en territoire russe depuis le début du conflit. Ce jeudi, l’armée russe a affirmé avoir repoussé avec son artillerie et son aviation une tentative ukrainienne d’«envahir» Belgorod, une semaine après une spectaculaire incursion d’hommes armés qui a suscité un choc en Russie. Kiev a nié toute implication.

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Face à cette pluie des tirs, des habitants de la région, notamment de la ville de Chebekino, qui comptait 40.000 résidents avant le conflit, ont fui. Ces nouvelles attaques font suite à une incursion dans cette même région de Belgorod les 22 et 23 mai quand ce que Moscou qualifie de groupe de «sabotage» ukrainien s’était introduit dans la région.