Pour conduire sa guerre d’agression en Ukraine, qui s’est transformée en guerre d’usure, Moscou produirait aujourd’hui 250.000 munitions d’artillerie par mois, soit près de 3 millions par an, selon les informations des services de renseignement de l’OTAN que révèle la télévision CNN.

En face, les États-Unis et l’Europe peuvent aujourd’hui produire près d’1,2 million de munitions chaque année pour soutenir les forces ukrainiennes, selon un haut fonctionnaire d’un service de renseignement européen cité par le média américain.

Et si l’Ukraine s’est promis de produire elle-même 100.000 obus d’artillerie par mois, soit moins de la moitié de ce que produit la Russie, l’objectif s’éloigne désormais avec le blocage par le Congrès des États-Unis d’une nouvelle aide américaine de 60 milliards d’euros.

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«Nous nous trouvons dans une guerre de production», a aussi déclaré le haut fonctionnaire interrogé tout en gardant l’anonymat. «L’issue de cette guerre dépend de la manière dont chaque camp est équipé pour mener cette guerre».

L’armée ukrainienne « tire entre 5000 et 8000 tirs (d’obus de 155 mm) quotidiennement alors que la Russie tire entre 10.000 et 15.000 coups », ont alerté récemment les sénateurs français de la commission des affaires étrangères et de la défense dans un rapport publié en janvier. «Si la production [ukrainienne] de munitions a été multipliée par vingt depuis 2022 cela reste très insuffisant», soulignait le rapport sénatorial alertant sur un niveau de production européen «extrêmement faible» pour soutenir l’Ukraine.

Le besoin d’obus sur un front très étendu de presque 1000 kilomètres se fait sentir dans un moment critique où la Russie est désormais considérée comme étant à l’initiative sur le champ de bataille, notamment après la prise de la ville d’Avdiivka. Et si les alliés occidentaux ont choisi de fournir des armes sophistiquées comme des chars d’assaut ou des avions de combat F-16, la plus grande nécessité au front reste la puissance de feu de l’artillerie, selon les observateurs.

«La machine de guerre russe tourne à plein régime», a aussi prévenu le responsable d’un service de renseignement européen à CNN. Le pays exploite ses usines d’obus «24 heures sur 24, 7 jours sur 7» avec des rotations de mains d’œuvre toutes les 12 heures. Près de 3,5 millions de Russes travailleraient désormais dans le secteur de la Défense, contre 2 à 2,5 avant la guerre, rapporte aussi le média américain. Moscou peut aussi compter sur les livraisons de ses alliés iranien et nord-coréen.