Une image vaut mille mots, dit-on. Mais parfois, les mots peuvent marquer l’esprit aussi violemment qu’une image. Lundi, les correspondants étrangers en Israël ont péniblement visionné les vidéos des exactions du Hamas. Fidèle à sa stratégie de communication, l’armée israélienne a aussi choisi de diffuser sur les réseaux sociaux les interrogatoires de terroristes capturés. Dans une éprouvante vidéo de près d’un quart d’heure, six d’entre eux racontent la façon dont ils ont mené leurs raids meurtriers sur les kibboutz proches de la bande de Gaza, le 7 octobre.
Certains paraissent froids, détachés. D’autres insensibles et particulièrement loquaces. Deux d’entre eux semblent souffrir et grimacent, du sang visible sur leurs vêtements. Tous font le récit plus ou moins docilement de leurs «missions» : «Nous devions tuer les hommes, capturer les femmes et les enfants», indique un terroriste. «Prendre le contrôle d’une colonie et s’y installer», explique un autre. Avant d’entrer dans l’horreur des détails.
Après avoir décliné leur identité et leurs cibles, les membres du Hamas interrogés avouent simplement leurs crimes, sans culpabilité apparente. «Nous avons tué des civils», assume l’un d’eux. Il raconte notamment être entré dans une maison, avoir enjambé un homme agonisant dans son sang et avoir découvert un autre blessé, «en sous-vêtements». «Je pense que c’était toute une famille», indique-t-il. Il confirme ensuite avoir utilisé des civils comme «boucliers humains» pour se protéger de l’arrivée de l’armée israélienne.
Un autre explique avoir «tiré deux ou trois coups de feu» sur un civil désarmé, qui «arrosait ses plantes». «Puis nous avons ouvert le feu sur une maison voisine». Un autre encore déclare avoir «tiré sur une vieille femme par surprise» et avoir «brûlé deux maisons». Dans une vidéo indépendante, un terroriste, le visage flouté, donne une idée plus précise des consignes : «L’idée était d’aller de maison en maison, de pièce en pièce, jeter des grenades et tuer tout le monde, y compris les femmes et les enfants », déclare-t-il. « Le Hamas nous a ordonné d’écraser ou couper les têtes, et de couper les jambes».
Plusieurs témoignages choquent particulièrement par leur cynisme. L’un des terroristes raconte ainsi avoir vu ses comparses «prendre un selfie avec une adolescente de 15 ou 16 ans, avant de l’emmener vers Gaza». Il ajoute avoir ensuite lancé «quatre grenades, dont deux seulement ont explosé, à l’intérieur d’une maison», tuant au moins un homme. Un autre explique avec détachement avoir tiré sur une victime à l’agonie, et s’être fait réprimander par son chef, qui lui aurait ordonné «de ne pas gaspiller ses munitions». Un troisième annonce avoir enfumé un abri où s’étaient réfugiés une famille et leur chien, pour les faire sortir. Avant de les abattre tous, dont deux adolescents de 18 et 20 ans.
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L’un des prisonniers, qui semble très à l’aise et très démonstratif dans ses explications, évoque aussi les «récompenses» promises par le commandement du Hamas. «Ils nous promettaient un appartement et 10.000 dollars», déclare-t-il. «C’est comme ça que ça fonctionne dans les brigades al-Qassam», la branche armée du Hamas, ajoute-t-il. Mais au moins deux d’entre eux se sentent trahis au moment de l’interrogatoire. «Ils nous ont dupés, ils nous ont trompés», déplore un terroriste en citant des membres du bureau politique du groupe terroriste, Ismaïl Haniyeh et Khaled Mechaal.
«Ils sont au Qatar et en Turquie pendant que leurs familles sont bombardées à Gaza», ajoute-t-il. L’un de ses complices abonde : «Le commandement du Hamas nous a abandonnés ici». Les terroristes n’ont en revanche aucun mal à reconnaître la similitude de leur mode d’action avec celui de l’État islamique. «Pensez-vous que vos exactions ressemblent à celles de Daech», demande ainsi un interrogateur israélien. «Oui», répond l’un des prisonniers sans sourciller. «Il n’y a pas de différence», assure un autre.