L’image est sans ambiguïté : en sus d’un slogan clamant «Je soutiens la Palestine», le compte X (ex-Twitter) du mouvement Black Lives Matter à Chicago a relayé un dessin montrant un combattant du Hamas s’infiltrant à l’intérieur des frontières israéliennes en parapente motorisé. C’est en effet de cette manière qu’une partie des hommes ayant perpétré les massacres de civils israéliens ont franchi par les airs la clôture séparant Israël de la bande de Gaza.
Les activistes de Black Lives Matter affichent ainsi un message de soutien clair aux actions terroristes qui ont endeuillé Israël ce week-end. Ce sont notamment les hommes en parapente motorisés, glorifiés par ce dessin, qui ont assassiné de nombreux participants à une rave party dans le désert.
Dans un autre post, cette fois-ci publié sur Facebook, la même antenne de Black Lives Matter à Chicago a publié une série de dessins, mettant en scène deux jeunes femmes discutant des événements de ce week-end. Alors que la première semble scandalisée par la capture de civils israéliens, emmenés comme otages par le Hamas, son interlocutrice lui rétorque qu’il s’agit en fait d’une campagne de désinformation fomentée sans preuve par les médias à des fins islamophobes.
Dans la suite de la conversation, alors que la première jeune femme demande à son amie s’il n’existe pas des méthodes non-violentes pour la résistance palestinienne, elle se voit répondre que l’Afrique du Sud n’a pas mis fin au régime d’apartheid sans violence, de même que l’Algérie ne s’est pas décolonisée pacifiquement ; et qu’il faut arrêter de dicter aux Palestiniens la bonne manière de se libérer du joug israélien. En d’autres termes, Black Lives Matter Chicago légitime donc les massacres et les prises d’otage au nom de la libération de la Palestine.
S’agit-il d’une position partagée par l’ensemble des partisans de la cause Black Lives Matter aux États-Unis ? Il est difficile d’en juger, compte tenu de la nature décentralisée et protéiforme de ce mouvement politique né en 2013, et dont l’importance s’est renforcée après la mort de George Floyd en 2020. Personne ne peut tout à fait s’en revendiquer le porte-parole. Mais selon le Telegraph , le groupe Black Lives Matter Chicago est affilié à la Black Lives Matter Network Foundation, le réseau international qui coordonne le militantisme de toutes les déclinaisons locales du mouvement.
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Ce message sur Twitter de Black Lives Matter Chicago a fait réagir de nombreux internautes, à commencer par le patron du réseau social, renommé X : Elon Musk, connu pour ses prises de position régulières contre le mouvement woke aux États-Unis, a notamment répondu : «Votre position a le mérite d’être claire».
Tamar Schwarzbard, responsable de la communication digitale du ministère israélien des Affaires étrangères, a également répondu au mouvement Black Lives Matter : «Vous soutenez donc les terroristes du Hamas qui sont arrivés en parapente sur le sol israélien, commettant des massacres et brûlant vifs des enfants ?»
Aux États-Unis (comme du reste en France), la question palestinienne divise la gauche. Tandis que Joe Biden a apporté un soutien sans faille à Israël, les mouvements et organisations proches des thèses décoloniales se sont progressivement rapprochés des groupes militant en soutien à la cause palestinienne.
L’une des figures de proue de Black Lives Matter et ancienne membre des Black Panthers, la militante afro-américaine Angela Davis, a notamment publié un livre en 2015 intitulé La liberté est une lutte de tous les instants, dans lequel elle compare la mort de Noirs américains tués par des policiers avec le sort des populations palestiniennes. Elle écrit notamment dans ce livre que «se focaliser sur la violence d’un mouvement pour la justice participe à invisibiliser les problèmes que ce mouvement veut résoudre». Après avoir comparé la situation des Palestiniens à celle de l’Afrique du Sud pendant le régime d’apartheid, elle poursuit : «La cause des Palestiniens, et leur lutte pour la liberté et l’auto-détermination, sont invisibilisées par ceux qui assimilent leur combat contre l’apartheid mis en place par Israël à du terrorisme». Elle a participé à de nombreuses campagnes de boycott d’Israël.